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    Les coulisses d'Hollywood en photos

    Une sélection de photos encore inédites de quelques raretés du cinéma sont présentées à l'Espace Vivendi Universal jusqu'au 12 janvier 2002.

    Mon premier plan est un clap, mon deuxième plan un oeil mythique et mon tout une photographie de cinéma : Charade, qui résume à elle seule la beauté et l'ambivalence de l'exposition des fonds d'archives photographiques Universal à l'Espace Vivendi Universal, ouverte depuis le 1er décembre jusqu'au 12 janvier 2002. Un regard inédit sur les archives des studios, avec à la clef un concours pour gagner le privilège de monter les marches lors du prochain Festival de Cannes.

    Nous avons rencontré le commissaire d'exposition Sam Stourdze, lors de la présentation de la manifestation au Carrousel du Louvre au Salon Paris Photo au mois de novembre dernier. Pour AlloCiné, il lève le voile sur les coulisses d'Hollywood et évoque l'écrin qu'il a conçu. Un écrin où chaque photographie est le maillon d'une longue chaîne onirique et captivante...

    AlloCiné : les fonds Universal représentent plusieurs dizaines de milliers de photographies depuis la création des studios en 1909. D'où est venue l'initiative de les réunir ici ?

    Sam Stourdze : Quand Vivendi acquiert Universal il y a quelques mois, les dirigeants du groupe réalisent que les archives des films demeurent un patrimoine extraordinaire mais peu exploité. Leur intérêt pour la photographie les incite à explorer ces fonds et à réaliser cette exposition. Six mois seulement ont été nécessaires à cette entreprise, mais six mois intensifs pour une petite exposition !

    En conséquence, le choix du nombre de photos a dû être difficile. Vous expliquez qu'il s'est imposé de lui même à la découverte des oeuvres ?

    Je voulais m'imprégner des images pour trouver un fil conducteur à cette exposition. Et ce fil ce sont ses deux niveaux de lecture, ce qui est une manière de poser la problématique de l'image. (...) On retrouve donc les photos encadrées, celles que l'on voulait élever au rang d'oeuvres d'art (au nombre de vingt) et les photos contrecollées en bande dessous, qui sont une sorte de bande son, de "strip" qui se déroule. Chaque cadre avec ses trois petites photos et son texte compose une section, une thématique.

    Si ces photos retranscrivent un esthétique particulière, elles sont souvent emblématiques d'un film, comme par exemple la main ensanglantée sur le rideau de douche dans Psychose ?

    Voilà, et sur Psychose, c'est ce qui me fascinait car il subsiste un doute sur les anneaux du rideau pour savoir si c'est une photo de Psychose ou Psychose II en 1983 ou Psychose III en 1986... Mais peu importe : l'essentiel est que c'est une image emblématique d'une scène qui a permis ces remakes, de l'angoisse qu'elle résume.

    On retrouve une esthétique très picturale : par exemple l'image de Brazil ressemble à une toile abstraite. Il y a donc différents niveaux de lecture possibles ?

    Complètement. Chacun peut refaire son exposition, les textes permettent de "contextualiser" et de donner plus d'informations : la lettre de Marlene Dietrich à sa mère par exemple, ou la citation de Jack P. Pierce sur Le Fils de Frankenstein... Mais ce serait pour moi le plus grand succès de l'exposition que chacun puisse en faire une lecture qui lui soit personnelle.

    Ces photos témoignent d'inspirations esthétiques de l'époque où elles ont été prises ?

    C'est absolument fondamental. Quand on regarde ces photos, elles font penser inévitablement à un Brassaï, à un Man Ray, à un Doisneau... Ces réminiscences d'artistes et comparaisons n'auraient aucun sens si les photos n'étaient pas contemporaines. Faire un photo-montage dans la lunette de Frankenstein est intéressant parce que cela date des années trente et que les surréalistes utilisaient ce ressort photographique pour leurs compositions.

    On trouve ici de belles rencontres, notamment Orson Welles tenant Charlton Heston en joue dans "Mirage de la vie"... Un titre prédestiné puisqu'à travers cette photo on retrouve les thèmes de fiction et réalité liés au cinéma ?

    Là encore, c'est le principe moteur de cette exposition et de la photographie de cinéma en général. C'est ce qui est absolument passionnant, le cinéma étant déjà un premier intermédiaire entre réalité et fiction, la photographie surajoute à la confusion et joue avec elle.

    Contrairement au cinéma, nous sommes confrontés ici à la fulgurance d'un instant...

    Oui, c'est tout le rapport... Le cinéma, lui, joue de la temporalité et du son. La photo, elle, est muette et instantanée. Ce sont deux approches complètement différentes qui se retrouvent souvent puisque dans les deux cas, on parle d'image.

    Propos recueillis par Julia Fabry

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