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    Les Nouvelles aventures de Sabrina : que vaut cette réinterprétation dark de l'apprentie sorcière par Netflix ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    "Les Nouvelles aventures de Sabrina", adaptation dark des comics éponymes par les producteurs de "Riverdale", est disponible sur Netflix. Faut-il se laisser ensorceler par cette réinterprétation du personnage de Sabrina, l'apprentie sorcière ?

    Netflix

    De quoi ça parle ?

    Les nouvelles aventures de Sabrina imagine l’origine des aventures de Sabrina l’apprentie sorcière comme une sombre histoire axée sur le passage à l’âge adulte à travers l’horreur, les sciences occultes et bien sûr la sorcellerie. Sabrina lutte pour concilier sa double nature – mi-sorcière, mi-mortelle – tout en s’opposant aux forces du mal qui la menacent elle, sa famille et le monde des mortels.

    Les Nouvelles aventures de Sabrina - saison 1 (10 épisodes), développée par Roberto Aguirre-Sacasa (Riverdale), à partir du comics The Chilling Adventures of Sabrina.

    Avec Kiernan Shipka, Ross Lynch, Miranda Otto, Lucy Davis, Richard Coyle, ...

    Disponible sur Netflix depuis le vendredi 26 octobre

    À quoi ça ressemble ?

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Après le reboot de Charmed, lancé il y deux semaines aux États-Unis sur la CW, les sorcières semblent avoir plus que jamais la cote sur le petit écran en cet automne 2018. Les reboots aussi, d'ailleurs, sauf que Les Nouvelles aventures de Sabrina, disponible depuis hier sur Netflix, n'est pas vraiment un remake de la série jeunesse Sabrina, l'apprentie sorcière, portée par Melissa Joan Hart et qui a fait les beaux jours des matinées de France 2 dès 1997. Non, l'esprit pop et enfantin de cette inoffensive comédie pas déplaisante mais pas franchement réussie non plus est définitivement oublié et à part les personnages qui sont évidemment en partie les mêmes, Les Nouvelles aventures de Sabrina n'a plus rien à avoir avec la série qui l'a précédée. Tout simplement parce que nous sommes ici face à une adaptation du comics The Chilling Adventures of Sabrina, qui revisite depuis 2014 dans une ambiance dark et horrifique l'adolescence de la sorcière phare de l'éditeur Archie Comics.

    Dans cette nouvelle version, Sabrina, toujours âgée de 16 ans, est incarnée par Kiernan Shipka, la Sally Draper de Mad Men, qui impressionne, tant elle porte la série sur ses frêles épaules, et apporte un savant dosage de force et de vulnérabilité à cette jeune héroïne mi-humaine mi-sorcière qui, à l'aube de son seizième anniversaire (qui tombe le jour d'Halloween) et de son baptême occulte, est partagée entre la destinée de sorcière que ses tantes et l'ensemble de l'ordre dont elles font partie attendent d'elle qu'elle embrasse, et sa vie d'avant, avec ses amis, à laquelle elle devra renoncer. Car si Sabrina prête allégeance au Dark Lord, ou à Satan si vous préférez, elle devra notamment quitter le lycée de Baxter et sa vie d'humaine pour rejoindre l'Eglise de la Nuit et son académie réservée aux sorcières. Ce qui signifie laisser derrière elle Harvey (incarné par la pop star Disney Ross Lynch), son petit-ami qu'elle aime tant.

    Dès son premier épisode, Les Nouvelles aventures de Sabrina, portée à l'écran par Roberto Aguirre-Sacasa, déjà à l'origine du comics et également producteur et scénariste de Riverdale, réussit totalement à nous emporter dans son univers. Un univers riche, sombre, et horrifique qui emprunte notamment à Buffy, Rosemary's Baby, ou Dangereuse alliance, et dans lequel Sabrina et ses tantes, qui sont des disciples de Satan, vivent dans un manoir gothique qui fait également office de maison funéraire. Les apparitions du Dark Lord, sous forme d'un bouc très énervé, sont glaçantes, Sabrina se fait parfois courir après par des épouvantails fous, et malgré ça, la série parvient aussi à mêler à toute cette horreur esthétique une bonne dose d'humour, qui passe notamment par les personnages d'Hilda (Lucy Davis), qui rappelle un peu les sorcières d'Hocus Pocus, et d'Ambrose (Chance Perdomo), le cousin de Sabrina, qui conseille énormément cette dernière et remplace un peu le Salem de la série de 1996, qui est ici un familier ayant pris l'apparence d'un vrai chat et qui est beaucoup moins bavard que dans la version jeunesse avec Melissa Joan Hart.

    Diyah Pera/Netflix

    L'ambiance horrifique pulp qui se dégage de l'ensemble n'est cependant pas la seule force des Nouvelles aventures de Sabrina. Non, comme le reboot de Charmed (qui ne le fait pas de manière très subtile, c'est vrai), la nouvelle série ado de Netflix est également un très bon exemple de fiction post-#MeToo, totalement consciente de son époque et des problématiques qui vont avec. Sabrina Spellman devient ainsi une guerrière féministe qui, en plus de s'opposer au patriarcat imposé par Satan dans le monde des sorciers qu'elle hésite à rejoindre, est également bien décidée à botter les fesses du patriarcat ambiant qui règne dans son lycée (le Proviseur n'a qu'à bien se tenir), à aider sa copine Roz (Jaz Sinclair) à faire souffler un vent de rébellion féministe dans les couloirs, et à venir au secours de Susie (Lachlan Watson), son amie gender fluid qui est harcelée par une bande de sportifs décérébrés. En plus de divertir, la série se permet donc de dire des choses importantes sur son époque (alors que l'intrigue, elle, se situe à une période non spécifiée, où les portables ne semblent pas exister) et nous offre également une galerie de personnages intéressants et importants en terme de représentation, à l'image de Susie ou d'Ambrose, qui est présenté comme pansexuel. Ce qui reste encore assez rare dans les teen dramas et qui différencie bien Sabrina de Riverdale, qui malgré un univers esthétique parfois proche, a de moins en moins de choses à dire et multiplie les moments gênants.

    Pour autant, Les Nouvelles aventures de Sabrina ne sont pas parfaites. La série souffre, au début en tout cas, d'un léger problème de rythme (les épisodes sont un peu longs) et use, sans trop qu'on sache pourquoi, du flou numérique à l'excès. Elle peine aussi à faire d'Harvey Kinkle un vrai personnage attachant ou incarné, et cela pose un vrai problème quant on sait que sa relation avec Sabrina est l'un des moteurs de la série, motivant la plupart des choix de la jeune sorcière. Cela étant dit, la série sait distiller les cliffhangers pour nous tenir en haleine et ose proposer un format narratif qui en plus d'une vraie intrigue sérialisée se permet également des épisodes un peu plus fermés, un peu plus stand-alone, qui sont si rares chez Netflix que cela en devient, ici, plutôt appréciables. Et la vraie bonne nouvelle c'est qu'après quelques épisodes qui, comme son héroïne, hésitent un peu entre deux voies, Les Nouvelles aventures de Sabrina trouve vraiment son ton et son rythme de croisière dans la seconde partie de sa première saison. À tel point qu'arrivé au bout, et malgré quelques faux pas, on a forcément très envie de voir ce que les scénaristes nous réservent pour la saison 2, déjà commandée.

    L'univers de la série décrypté par les comédiens :

     

    Sabrina Spellman (Kiernan Shipka)

    Harvey Kinkle (Ross Lynch)

    Zelda Spellman (Miranda Otto)

    Hilda Spellman (Lucy Davis)

    Le Père Blackwood (Richard Coyle)

    Ambrose Spellman (Chance Perdomo)

    Mary Wardwell (Michelle Gomez)

    Susie Putnam (Lachlan Watson) et Rosalind Walker (Jaz Sinclair)

    Agatha (Adeline Rudolph), Dorcas (Abigail Cowen), et Prudence (Tati Gabrielle)

    Le baptême de Sabrina Spellman

    Sabrina (Kiernan Shipka) et Harvey (Ross Lynch)

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