Forrest Gump est l’exemple typique du film connu de tous, et ce même sans avoir été vu, tel qu’il est impossible d’être passé à côté de la réplique culte « Cours Forrest, cours ! ». Pour ma part, je ne l’avais jusqu’ici qu’entraperçu par bribes certes sympathiques, mais me donnant l’impression d’un ensemble surestimé. Aujourd’hui, le tir est rectifié, et mon apriori s’est plus ou moins confirmé : cette réalisation du génial Robert Zemeckis est sacrément culte il faut le reconnaitre, au même titre qu’un certain Pulp Fiction sortis la même année, mais j’hésite à le qualifier de chef d’œuvre. Bien sûr, difficile de résister devant cet hymne à la vie à la fois drôle, touchant et poignant, porté par un personnage principal attachant comme pas deux ; mais cette redondance de bons sentiments est peut-être de trop, tandis que le film s’essouffle petit à petit en terme de rythme (la durée n’est pas en reste). En somme Forrest Gump est un long-métrage à l’image de son narrateur : il est particulier ; mais son succès n’est heureusement en rien immérité, non, d’autant que celui-ci n’a pas pris une ride. A défaut d’être impressionnant, il arbore donc une intrigue dense et plutôt maligne, tout en insérant avec espièglerie (et réussite, le visuel notamment) son sujet dans quelque uns des plus grands évènements ayant marqué les USA d’après-guerre ; on assiste d’ailleurs à une pléiades de mises en dérision, le dénommé Forrest Gump, simplet de son état, accomplissant bien plus que tout homme puisse être en mesure d’accomplir. L’humour est ainsi très percutant, d’autant que certains personnages, à l’instar de FG, vont y participer avec un sérieux hilarant en la matière ; en tête de file on songe donc au dénommé Bubba, mémorable au travers de son monologue traitant de la pêche à la crevette. Loin d’être déroutant, cette part comique contraste efficacement avec la teneur dramatique parcourant le film, qui rappelle que toutes vies s’accompagnent de hauts comme de bas, et ce d’une bien belle manière ! Autrement, La BO d’Alan Silvestri remplit avec brio son office, tandis que l’on en vient à parler d’un fabuleux point fort : le casting ; la prestation sans faute de Tom Hanks est assurément au centre des attentions, mais impossible de ne pas souligner les superbes performances animant une galerie de personnages secondaires excellentes, Gary Sinise, Robin Wright ou encore Mykelti Williamson s’illustrant de la sorte. En résumé, Forrest Gump n’a pas usurpé son statut de film supra-culte, celui-ci alignant un nombre ahurissant de personnages et répliques inoubliables ; et à défaut de m’avoir véritablement transcendé, il convient de le qualifier de formidable divertissement, dont l’intrigue maligne comme pas deux aura revisité l’Histoire des USA avec une aisance aussi convaincante que savoureuse.