Un dernier pour la route est l'histoire d'un retour à la vie, d'une acceptation de soi. C'est un film important qui témoigne d'un réel espoir. Mais plus que cela, c'est un film très cinématographique, dont on ne ressent à aucun moment une influence littéraires, tellement les actions sont crues et les dialogues spontanés. Ce film est qualifié de drame, moi je le qualifierais plutôt de lueur d'espoir. Le scénario est écrit très finement, et ne laisse jamais place à un jugement, ni à une violence, mais il laisse bien place à des êtres humains déconsidérés par la société et qui n'ont plus confiance en eux-mêmes. Ils sont dans cette maison de désintoxication pour réapprendre la vie, et cela passe par un retour en arrière, une remise en question, une écoute des autres, et par la vie en commun et un problème partagé par tous les alcooliques présents dans la maison. Et puis aussi par le respect d'une équipe elle aussi ex-alcoolique et à l'écoute. Le film rend très bien compte, par le scénario et par l'action qui s'y passe, de tout cela. Et si tout le monde ne s'en sort pas, au moins certains réussissent à fonder une nouvelle vie, ou à ne pas échanger leur vie contre l'alcool. Car la vie d'Hervé Chabalier a été détruite par l'alcool (et plus que celle d'Hervé Chabalier, celle de millions de gens dans le monde), et la reconstruction de cette vie est primordiale pour lui redonner un sens. D'un point de vue technique, l'image est lisse et très belle, elle n'empiète pas sur la psychologie des personnages, les cadrages sont soignés, la photo également, l'univers est crédible et apaisant. Le jeu des acteurs est sincère, François Cluzet est magistral, Michel Vuillermoz est dans un rôle plus profond qu'à l'habitude, et ça lui va à ravir... Et puis il serait honteux d'oublier un très beau travail musical, électrique et acoustique, que fournit Jean-Louis Aubert et qui ajoute une toute autre puissance au film. La musique du générique, Jette une pierre, restera longtemps dans ma tête!