Le cinéma nous avait offert il a quelque temps, avec "Le dernier roi d'Ecosse", le portrait d'un homme d'Afrique, Amin Dada,ayant marqué du seau de la terreur l'histoire de son pays. Cette fois-ci, nous approchons l'image d'une légende vivante, celle de Nelson Mandela, défenseur des droits et de la dignité du peuple d'Afrique du Sud soumis au joug d'une poignée de Blancs.
Ce qui apparaît surtout, c'est la dignité de cet homme hors du commun qui a fini, au bout de près de 30 ans d'incarcération, non seulement par recouvrer la liberté, mais par représenter ses semblables et avoir parole légale. Cependant, ici, son charisme, sa force sont fort peu perceptibles et hormis quelques répliques qui marquent sont attachement indéfectible à la cause qu'il défend, il manque un développement de traits de caractère et de personnalité inhérents au personnage. Bien sûr, les choses se disent dans les regards, la position de son corps dans l'espace carcéral ou plus spécialement dans l'exiguïté de sa cellule, comme reflets d'un sujet ancré dont le socle puissant ne peut être ébranlé, mais est-ce vraiment suffisant?
D'autre part, si on perçoit les éléments qui ébranlent le gardien dans son rôle et son obéissance absolue au système, on s'interroge sur des points comme : qu'est-ce qui l'a amené à être si tranchant dans ses premiers discours aux prisonniers? Qu'est-ce qui l'a conduit à cette séparation définitive d'avec son ami d'enfance? Quel chemin a-t-il parcouru entre les deux? Quels choix a-t-il fait et pour quelles raisons? C'est évidemment dans ces questions-là qu'il faut chercher ce qui l'amènera à changer de point de vue et voudra, comme il le dit, ne pas rester dans l'ombre de l'histoire mais contribuer à l'écrire.
La psychologie des personnages aurait méritée d'être affinée, comme elle l'était dans "La vie des autres". Et si "Goodbye Bafana" a le mérite de parler d'un pan de l'histoire de l'humanité, il recèle des faiblesses qui ne l'élèvent pas au rang d'un grand film.