Brillant. Existe-t-il d'autres termes pour qualifier ce film. Avec "Autopsie d'un meurtre", Preminger réalise encore là un chef-d'oeuvre. Comme les écrivains américains contemporains du réalisateur (Hemingway, Faulkner ou encore Fitzgerald), Preminger ne cherche à aucun moment à juger. Sa force réside dans le récit implacable des faits... Les faits, encore les faits, juste les faits ! Et aux spectateurs l'interprétation. Au bout de ces 2 h 40 de plaidoieries, le film appartient enfin à celui qui le regarde. Et que voit-il au juste ? Une mise en scène sans faille, rigoureuse à souhait, presque rigide, qui laisse, contraste saisissant, tout le champ libre au jeu des acteurs. Téléguidés dans cette histoire banale qui prend tout à coup une force inouïe, James Stewart, George C. Scott, Ben Gazzara ou encore la sublime Lee Remick s'en donnent à coeur joie. James Stewart, dans un rôle peu habituel pour lui, réalise là une performance éblouissante, tout comme George C. Scott, malheureusement trop rare à l'écran, qui fait ici étalage de toute sa force d'interprétation. Derrière sa caméra, Preminger se régale, s'amuse des facéties de James Stewart et de Eve Arden et dresse au final un portrait cynique sur l'Amérique et ses institutions. A l'instar de la justice qu'il décrit, Preminger use d'une machinerie implacable pour raconter son histoire. Renversant !