"Paranoid Park" est ce que j’appelle un bizarroid movie. Particulier à bien des égards, quand je vois la note moyenne attribuée d’abord par la presse, puis par le public dans une moindre mesure, je me dis que soit je suis complètement débile pour ne pas avoir su voir la finalité de ce film, soit je n’ai aucun goût. Gus Van sant réussit cependant à entretenir le trouble, et ce déjà très tôt : je ne parle pas du trouble autour de la psychologie de l’adolescent, mais de celui qui vient habiter le spectateur, donc moi. Troublé par ce que j’attendais être un bon film, et qui s’est avéré rapidement être une fiction ratée. Le début surprend, mais pas de ces surprises agréables. Non, là, c’est une surprise qui laisse perplexe, avec un générique réalisé à partir d’images au défilement accéléré, sous une musique (déjà) crispante. Puis viennent se mêler des images amateur en 8mm pour matérialiser le propos du narrateur
(dont certaines répliques sont volontairement inaudibles dans un premier temps)
qui ne possède pas de caméscope, pas même de portable (cherchez l’erreur) aux images en 35mm du réalisateur (le vrai) qui sont elles-mêmes d’une esthétique déplorable, et dont certains plans sont relativement contestables : des gros plans… euh pardon, je reprends ; de TRES gros plans sur la chevelure de l’adolescent dont le visage est tourné à l’exact opposé, avec en second plan une image complètement floue… Si démontrer le trouble de ce personnage est ça, je veux bien. Mais c’est fait de façon curieuse, et le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été convaincu par cette façon de procéder. Toujours est-il que son trouble est toutefois relativement bien rendu par une narration éclatée, au propos malheureusement d’une platitude exaspérante : le spectateur demeure simple spectateur sans ressentir la moindre empathie, pas même de sympathie, ni même le moindre malaise devant cette absence totale de noirceur dans la psychologie du personnage
alors que quelque chose de grave est arrivée
. Cela passe par une répétition sans fin de scènes toutes aussi lentes les unes que les autres, bien trop souvent exploitées par un usage abusif de ralentis. J’ai dit abusif ? Oui je sais, le film ne dure que 85 minutes, mais si vous voulez vous amuser à répertorier les scènes répétées et les ralentis, vous constaterez par vous-même : il y a fort à parier qu’on n’arrive pas à l’heure de "jeu". Parce qu’à l’image du scénario, on tourne en rond sans arrêt, et on finit presque par être complètement paumés comme le jeune Alex, bien qu’un élément par-ci par-là soit intégré pour garder le spectateur devant l’écran. Quelques écueils comme les clichés n’ont cependant pas été évités
: la jolie blondinette qui se trouve trop belle et qui a chaud au c…, et le gars qui largue sa nana sitôt après avoir couché
. Ainsi, cette construction aussi particulière qu’exaspérante dure tout le long du film, balancée par une bande originale résolument éclectique, pour aboutir à une fin qui laisse clairement un goût d’inachevé. A cela on rajoute un jeu d’acteurs des plus mauvais : entre des ados qui essayent de reproduire sans y parvenir ce qu’ils sont censés savoir faire dans la vraie vie (la pauvre Lauren McKinney semble très impressionnée par la caméra et n’a d’yeux que pour son directeur artistique), et un policier qui est policier comme moi je suis Premier Ministre…
Daniel Liu à des années lumières d’un policier se raccrochant à un simple skate-board comme seule et unique pièce à conviction. Mais au fait : comment remonte-t-il à cet ado qui, selon toute vraisemblance, n’est pas fiché ?
Donc oui, il y a bien des questions qui restent sans réponse, et c’est impardonnable. Un film comme celui-là, n’importe qui aurait pu le faire…