Il aura fallu moulte péripéties pour voir, enfin, ce film iconique sortir.
Après le projet avorté de 2007 par George Miller (le papa de Mad Max), Justice League se décide finalement à sortir 10 ans plus tard, malgré un tournage des plus chaotiques.
Désistement du réalisateur en cours de route suite au suicide de sa fille, changement de compositeur pour la musique, scènes retournées pour la modique somme de 25 millions de dollars, ordre du studio (Warner) à l’équipe du film de ne pas faire dépasser les 2h … la préparation du film n’a pas été des plus rassurantes pour les producteurs mais aussi pour les fans qui l’attendaient depuis des décennies.
Cerise sur le gâteau, il fallait rajouter la polémique au changement de ton annoncé du film suite aux échec critique de Man of Steel (2013), Suicide Squad (2016) et surtout, Batman V Superman (2016). Désireux alors de proposer des films de super-héros plus léger, en s’éloignant de l’univers sombre et sérieux qui le caractérisait, le studio Warner a initié un nouveau style avec Wonder Woman. Avec le succès de la super-héroïne sur grand écran, il n’en fallait pas plus pour réconforter les pontes hollywoodiennes à l’idée que la recette venait d’être trouvée.
Alors, que vaut vraiment ce Justice League ?
Il est, et n’en déplaise à certains, le flop que son tournage chaotique laissait présagé. Je commence par les points négatifs, et les quelques rares points positifs viendrons ensuite. SPOILER
1. Le montage. Le film a été tourné pour dépasser les simple 2h proposé, et ça se voit. L’ensemble est un enchaînement de scènes raccourcis et qui se succèdent bien trop vite. Ces rapides enchaînements sont la base de 90% du film. On ne peut comprendre les enjeux de la menace, dont le contexte est balayé de manière expéditive. Quant à la réunion de la ligue, elle est bien trop rapide, et les nouveaux héros qu’on découvrent sont malheureusement sous-exploités. Quand au combat final, il est bien trop court, voir bâclé.
2. L’interaction entre les héros de la ligue. Point assez dommage aussi, dans la mesure ou c’est sans doute pour voir les héros combattrent ensemble qu’on attend un film de ce calibre. Hors, et contrairement à son film comparateur qu’est Avengers, le film développe très peu les interactions des personnages durant les phases de combat. Il se battent souvent côte à côte, mais individuellement, ou chacun leur tour quand ils affrontent le même adversaire. Il n’y a rarement de chorégraphies collectives ou la ligue ne fait qu’un et mutualise ses pouvoirs. Un peu dommage, cela aurait pu renforcer le caractère épique des combats.
Quand à leur puissance, elle est très inégale. Superman est montré comme un être surpuissant qui à lui seul peut battre ses collèges, et expédier la menace de Steppewolf en quelques minutes. Dommage dans la mesure ou le reste de la ligue aurait pu gagner en crédibilité et en impact en étant plus fort. Le degré de différence de pouvoir entre Superman et les autres, bien qu’il soit différent et compréhensible, est trop poussé à l’extrême. La ligue a bien du mal à affronter Steppewolf, et l’arrivée du kryptonien est un tel changement que le méchant est anéanti en quelques minutes. Cela décrédibilise totalement les autres membres de la ligue.
3. Les effets spéciaux. Quel malheur d’avoir en 2017 des effets numériques avec un film dont le budget se situe dans les 300 millions de dollars. Le grand méchant Steppenwolf est mal fait, et n’impacte aucun ressenti sur le spectateur tant son visuel semble sans expression et irréel.
Les décors m’ont posés aussi de gros problèmes. La aussi les effets spéciaux sont bien trop superficielles et surtout de mauvais goût. Le combat final est un festival d’effets spéciaux relativement laids et peu recherchés (représentation classique de la fin du monde avec grosses racines et lave qui envahissent le sol, teinte rouge du ciel, orages. C’es tout.) A trop vouloir impressionner le spectateur, le trop plein d’effets spéciaux gâche la beauté voir le réalisme de certaines scènes.
P.S : Quand aux retouches du visage de l’acteur de Superman (qui portait la moustache durant les scènes du film à cause d’un tournage parallèle sur Mission Impossible 6), elles sont très visibles si on y prête attention. Le coin entre la lèvre est le nez, ainsi que les joues, semblent modelés informatiquement et lisse pour ressembler à une peau naturel. C’est certes un petit détail, mais qui montre une fois de plus le manque d’application pour les effets numérique.
4. Les enjeux. On ne sent aucunes réelles menaces des ennemis qui arrivent sur terre. La cause à des affrontements trop introvertis dans les lieux confinés qui gâchent le suspens et les dégâts de grande ampleur que peuvent généralement générés une menace exceptionnelle nécessitant l’intervention d’un tel groupe de super-héros. Les batailles n’ont aucunes saveur, elles sont éloignés des populations, avec très peu de civils.
Quand aux dégâts matériels, il n’y en a très peu hormis une simple central souterraine de traitement des eaux et un village de campagne russe. Bien trop léger pour développer des enjeux dramatiques spectaculaires comme on est en le droit d’attendre pour un affrontement entre la Justice League et son adversaire.
5. Le scénario. De nombreuses incohérences. Clark Kent était présumé morte et revient à la fin dans le monde civil sans la moindre explication. Trop de facilité dans les enjeux dramatiques. Les motherbox (boîtes à pouvoir à l’origine de l’intrigue) se charge de facilité la tâche des scénaristes. La résurrection de Superman ? Grace à une motherbox / Arrêter la fin du monde ? Stopper les motherbox. Ralentir Steppewolf ? Protéger les motherbox. Ces facilités sont trop rattachées à elles et empêchent le développement d’intrigues secondaires.
Pour les points positifs, il y en a très peu, mais suffisamment pour animer le coeur d’un fan de la Justice League.
1. Voir ensemble des héros qui ont bercés notre enfance. Certains plans, comme la Ligue côte à côte après la bataille, demeure un des plus beaux plans de films de super héros de ces dix dernières années. L’arrivée de Superman est clairement le moment ou le caractère épique du film se renforce.
2. Quelques belles séquences de combat. L’affrontement entre les Amazones et Steppenwolf est à mon sens l’un des plus beaux combats tant au niveau du cadrage, que des chorégraphies et même du suspens.
3. Zack Snyder n’a pas fait la totalité du fil; mais sa patte visuelle fait plaisir à revoir lors de certaines séquences. Ses plans léchés, son étalonnage et son sens de la mise en scène visent souvent justes.
4. Le casting. Rien à redire, Ben Affleck Henri Cavill et Gal Gadot sont encore une fois parfait dans leur rôle. Mention aux nouveaux arrivants Jason Momoa, Ezra Miller et Cyborg, qui sont loin de faire pâle figure face aux autres.
RÉSUMÉ : Ce film Justice League n’est pas le film épique et mémorable qu’on étais en droit d’attendre. Le film montre le manque de confiance, de vision artistique, de liberté que le studio lui a accordé en ne laissant que 2h à l'équipe du film. Cependant, il reste avant tout un bon film de divertissement à prendre à la légère et qui peut laisser présager de belles suites pour le futur si l’univers en place continue d’attirer les foules en salle, pari loin d’être tenu au vu des premiers scores…