Kim Ki-Duk a toujours eu le chic de trouver des histoires pas possibles. Là encore, dans "Souffle" (après "Time" cette année), le thème est extrême : c'est l'histoire d'une femme trompée qui rend visite, d'un jour à l'autre, à un meurtrier incarcéré pour lui donner le peu d'amour qu'il lui reste. Et Kim Ki-Duk a toujours le chic de rendre ses films fades. Fades parce que l'esthétique est plate, parce que le décor semble lointain, en recul, fades parce que la psychologie de ses personnages est si floue et peu creusée qu'elle n'anîme pas l'histoire, aussi passionnante soit-elle. Le cinéma de Kim Ki-Duk semble toujours amputé de son potentiel, gâché par un manque d'audace grave. La lenteur du rythme lasse, ennuie, et désactive tous les enjeux du films, à condition de bien comprendre ce qu'ils sont, et en quoi ils consistent. Car là encore, le réalisateur sud-coréen nous plonge dans le flou, involontaire malheureusement : fable sur l'amour impossible? Oui, mais quelle est cette fin vengeresse? Faut-il établir un rapport entre le meurtre commis par le détenu et la femme qui lui rend visite? En quoi la femme induit-elle à la jalousie chez un autre détenu (homosexuel apparemment)? A quoi rime ces changements de saisons en papier-peint dans la cellule de visite? Autant de questions fondamentales sans réponses, qui hâppent toutes considérations philosophiques sur l'amour par leur manque de clarté. A part le joli échange entre Chang Chen et Ji-a Park, deux acteurs à surveiller (même si le premier est déjà connu), et l'originalité de transformation du décor dans la cellule qui invitent à de beaux moments colorés (même si cette transformation ne rime à rien étant donné l'incertitude de son rôle), "Souffle" est un film inintéressant et fade, bien monté mais dénué de poésie, de courant et de cohérence dans la pensée. Au final, cette fable étendue, cette mutation des rôles humains, ne prend de puissance que dans son plan final, superbe installation de l'amour à mort. Mais rien av