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    L'avocat de la terreur
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    Cluny
    Cluny

    66 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 octobre 2012
    Premiers plans du film, sur des paysages cambodgiens, buffles, vélos et champs de mines. Première apparition de Jacques Vergès, qui explique qu'on ne peut pas parler de génocide au sujet des Khmers rouges de son ami Pol Pot, qu'il y a bien eu des brutalités, mais qu'on oublie la famine et le rôle des bombardements et de l'embargo américain, et puis que les chiffres ont été bien surévalués. Quelques minutes plus tard, il reparle de comptabilité macabre, cette fois il s'agit des morts de Sétif, et entre les 10 000 de la version française officielle et les 45 000 avancés par certains historiens, il choisit ces derniers, non sans commenter "les chiffres varient toujours"...


    D'emblée, par ce flagrant délit de négationnisme tranquille, Barbet Schroeder cherche à vacciner le spectateur contre la sympathie qu'il risque de ressentir vis-à-vis de Vergès. Car sympathique, il peut l'être, ou plutôt charmeur, avec ce sourire malicieux qu'il a, y compris aux pires moments. Tout en étant lucides sur ses outrances, ses amis savent décrire un personnage bon vivant et sensible, comme Rolande Girard-Arnaud, la veuve de l'auteur du Salaire de la Peur, ou le truculent Siné, qui raconte combien la conversion à l'islam de son copain Jacques était appelée à échouer, tant il aimait le porc et le bon vin.


    Sympathique aussi par la nature de ses premiers combats : la Résistance, l'anticolonialisme, la dénonciation de la torture en Algérie. Mais dès le début, il donne un sens particulier à ces luttes. Ainsi, quand il parle de son engagement dans les Français Libres, il évoque surtout son plaisir de servir sous les ordres d'un général condamné à mort ; ou quand il décrit l'assistance du procès de Djamila Bouhired, il parle de "nervis" (ça fait vingt ans que je n'avais plus entendu ce mot !) et on sent sa jubilation à provoquer juges et public. On le voit visiter aujourd'hui la prison d'Alger avec trois dames respectables (Zohra Drif est vice-présidente du sénat), anciennes poseuses de bombes et condamnées à mort ; il rappelle que s'il a eu des dizaines de clients condamnés à mort, aucun n'a été exécuté, mais qu'il avait vécu chaque fois les affres de l'attente, et que si Djamila ou une de ses camarades avait été suppliciée, il aurait demandé rendez-vous à Lacoste ou à Massu pour les abattre.


    On comprend la fascination de Barbet Schroeder devant quelqu'un qui lui ressemble par bien des aspects : leurs origines cosmopolites et le rôle de la Guerre d'Algérie dans leur prise de conscience, notamment. Barbet Shroeder raconte : "Quand j'avais 14, 15 ans, j'ai fait exactement le même parcours politique que Vergès. J'avais près de 20 ans de moins que lui, j'étais dans la mouvance communiste bien que les communistes ne voulaient pas vraiment de moi, puis je les ai quittés pour me rapprocher de la mouvance de l'aide à l'Algérie en critiquant les communistes qui n'en faisaient pas assez. C'est exactement ce qui s'est passé pour Vergès. Je suivais d'ailleurs assidûment tout ce qu'il faisait ou disait : j'étais un vrai fan !". On sent que cette compréhension pour les combats de ces années-là est toujours présente, mêlée d'une admiration pour le courage qu'il fallait quand les barbouzes l'avaient placé en numéro 2 sur la liste des avocats à abattre.


    La rupture de cette empathie correspond à la période de ce que Vergès appelle ses grandes vacances, où sa foi viscéralement anticolonialiste l'amène à pactiser avec tous ceux qui peuvent mettre un peu de bazar dans l'ordre honni, que ce soit les services secrets staliniens, les dirigeants chinois de la Révolution Culturelle et leurs cousins Khmers Rouges, ou François Genoud, nazi suisse (on dirait un oxymore !), financeur de la constellation rouge-brun et mécène de Barbie.

    Car s'il ne met pas de commentaires, Ba

    rbet Schroeder a une science suffisante de l'écriture et du montage pour que son point de vue transparaisse. La facture est d'ailleurs très classique : alternance de photos, d'articles de journaux, de films d'archive, d'interview contemporaines ou plus anciennes et de quelques plans de complément. Il n'hésite pas à faire appel à une certaine dramatisation proche des documentaires du genre "Faites entrer l'accuser" ou "Secrets d'actualité" : musique de Jorge Arriagada, intertitres et surtitres...


    La longévité et la complexité du parcours de Vergès rend le film parfois touffu, et l'attention se distend un peu à l'époque de Carlos et de Waddi Haddad, d'autant qu'on a une curieuse impression de déjà-vu devant le coup de foudre que ressent Vergès pour Magdalena Kopp. Mais le générique final, en nous présentant tous les autres clients célèbres de celui qui s'est lui-même baptisé le salaud lumineux (Omar Raddad, Omar Bongo et quelques dictateurs africains, la trésorière du RPR, Roger Garaudy, Tarek Aziz ou Slobodan Milosevic), nous montre que même en 135 minutes, Barbet Schroder a été contraint de faire des impasses, et qu'il a réussi a donner un début d'explication et de cohérence à une vie et une carrière pourtant tellement sinueuse.
    Uncertainregard
    Uncertainregard

    97 abonnés 1 285 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 13 octobre 2010
    Bon documentaire retraçant une grande page d'histoire par le biais de l'exercice atypique d'un des avocats les plus controversés: Jacques Vergès. C'est véritablement intéressant de plonger dans ces grands évènements à coup d'interviews de personnages surprenant accompagnés de vidéos d'époque dont je reprocherai juste le déséquilibre quantitatif entre les deux...
    Misoramengasuki
    Misoramengasuki

    54 abonnés 399 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 juin 2007
    Docu intéressant, moins par le portrait de Vergès qu’il brosse que par le panorama du terrorisme militant qu’il propose. La guerre d’Algérie, le Cambodge, la Palestine, Carlos, Anis Naccache… On se rend compte du lien organique qui unit ces lieux et les différents mouvements qui y ont été actifs, leurs leaders s’étant tous croisés à un moment ou à un autre. On s’aperçoit aussi des directions diamétralement opposées prises par ces combattants, certains s’en tenant à des luttes peu contestables contre l’occupant (Algérie, Palestine), d’autres versant dans la dictature sanglante (Khmers Rouges) ou encore dans le pur gangstérisme (Carlos et sa bande). Au milieu de ce tourbillon, Vergès ne se départit presque jamais de ses cigares, de son air patelin et de ses phrases sibyllines. On ne le sent fendre l’armure qu’à l’évocation de la guerre d’Algérie – pendant la visite de la prison d’Alger, par exemple. Plus que l’acteur principal, il est le fil rouge du film. "L’avocat de la terreur", où la visite guidée d’un univers complexe, secret, haut en couleur, effrayant par la violence qu’il a généré et souvent aussi émouvant par la sincérité des engagements et la profondeur des désillusions qu’il a suscité. Film témoin aussi d’une époque où, en France, on pouvait s’engager et exposer sa vie pour une cause - aujourd’hui...
    tietie007
    tietie007

    36 abonnés 161 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 avril 2009
    Quel curieux personnage, que ce Jacques Vergès, très tôt rentré en Résistance, à 17 ans, dans la France Libre, puis, pour la défense des peuples opprimés. Idéaliste intégral, s'élevant face à l'injustice des puissants, le film nous dresse le portrait d'un homme ambigu, que définit bien son ami Siné , un idéaliste forcené qui aime trop la vie pour vraiment être un révolutionnaire !
    La vie de l'avocat va donc prendre des chemins sinueux, de la France Libre au FLN, du soutien aux palestiniens aux relations avec Carlos, des amitiés douteuses avec le nazi suisse, François Genoud, grand argentier de la cause palestinienne, à la défense de Barbie, le parcours du "salaud lumineux" épouse donc les grandes secousses du siècle dernier, entre ombres et lumières.
    Le documentaire garde sa part de mystère, se terminant sur une fin de non-recevoir.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 7 février 2008
    Très bon documentaire, pas de parti pris, on sort de la salle avec un grand doute.
    Plus que Vergès on nous raconte une histoire du terrorisme moderne.
    La "disparition" de Vergès n'est qu'aborder et c'est très bien comme ça.

    Merci.
    philhag
    philhag

    24 abonnés 362 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 juillet 2007
    Imaginons que vous ne savez pas quoi aller voir, que vous êtes un tant soit peu branché sur le politique, que vous avez l'esprit ouvert ET critique, alors ce film est excellent !
    Plus subtil et moins holywoodien que Michael Moore, Barbet Schroeder nous emmène dans une écoute non partisane de Jacques Verges qui a l'intelligence de nous faire découvrir le processus mental de cet avocat.
    Et là, on comprend tout ... et l'intelligence est que l'auteur nous laisse libre de conclure, mais nous fait comprendre qu'il ne pardonne pas.
    Merci pour cet excellent film dont on sort comme plus intelligent ....
    Ce film se regarde comme un polar
    Patjob
    Patjob

    22 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 mars 2022
    C’est à la fois à un portrait de Jacques Verges, et à une histoire partielle du terrorisme, à travers les clients qu’il a défendus et les causes qu’ils défendaient, que Barbet Schroeder nous convie. Dès son enfance, Verges a souffert de l’humiliation face à des colons de race blanche surs de leur supériorité. Dès sa première cause, celle de la défense de Djamila Bouhired, « terroriste » Algérienne qu’il admire et qu’il épousera, il essaiera de mettre en perspective les actes qu’elle et ses semblables ont commis avec les exactions de tous genres commises par la puissance coloniale. C’est là son leitmotiv, sa motivation, que de relativiser la culpabilité, indéniable, des accusés, à la violence endémique des systèmes oppressifs. Relativiser sans innocenter, et utiliser les différents procès pour faire en même temps celui des oppresseurs Occidentaux. Une démarche qui le conduira à accepter de défendre aussi Klaus Barbie, le boucher nazi de Lyon, l’occasion pour lui de dénoncer des actes selon lui comparables commis par la France et son armée lors du douloureux conflit d’Algérie. Le film, bien équilibré entre les deux ambitions du cinéaste, et entre les images d’archives et les moments d’entretien avec l’avocat, est constamment intéressant. Il offre aussi un angle de réflexion particulier sur les évènements montrés (parfois un peu obscurs) et génère une sorte de fascination pour ce personnage mystérieux et inquiétant, qui sait avec une malice malsaine faire preuve de mauvaise foi (voire ses premiers propos du film sur le génocide Cambodgien) et qui entretient avec délectation le mystère de sa disparition qui a duré huit ans…
    groil-groil
    groil-groil

    76 abonnés 185 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 juin 2007
    très bon film avec lequel schroeder revient en force.
    portrait hallucinant de ce type qui l'est tout autant, et surtout, portait en profondeur des années du terrorisme mondial, de la fin de la seconde guerre mondiale à la fin des années 80.
    Le film brille surtout par ses exceptionnelles qualités de montage qui en font une mécanique huilée à la perfection, passant d'un cas à l'autre avec une évidence incroyable.
    Si l'on pourrait regretter que le cas Barbie est très vite évoqué ou que l'on s'arrête chronologiquement aux attentats parisiens de 86, on prend vite conscience des qualités de ce film-somme.
    Sans doute moins fort que Idi Amin Dada ou Koko, ses deux documentaires chefs-d'oeuvre, "L'avocat de la terreur" n'en est pas moins le meilleur film de Schroeder depuis plus de 20 ans !
    benoitparis
    benoitparis

    97 abonnés 1 277 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 mai 2010
    Le film de B. Schroeder donne la parole sans interférer, présente les faits, donne des interprétations argumentées. C’est déontologiquement irréprochable et le résultat est un tableau passionnant d’histoire récente. J. Vergès ne livre que ce qu’il veut bien livrer, il garde tout son mystère et ses ambiguïtés. Militant convaincu et indigné à ses débuts certainement , barboteur en eaux troubles probablement ensuite, et aussi dandy rempli du goût de la provocation et du paradoxe, de la représentation médiatique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa façon de défendre sa conception personnelle de son métier ne justifie guère son exercice personnel. De l’argutie bien enfumante qui laisse un goût de n-ième proc. dans la séquence finale. Au-delà de son cas il y a les fourvoiements et les connexions insupportables d’une mouvance violente animée au départ par des causes parfaitement légitimes (anticolonialisme, luttes de libération nationale…). Sur ce dernier point ce documentaire est un exercice de lucidité désespérant mais indispensable.
    Niko0982
    Niko0982

    64 abonnés 1 331 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 janvier 2008
    Un film super bien fait sur un personnage complexe et surtout très intéressant. Un réel travail en profondeur a été fait et c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce film.
    Hakim G
    Hakim G

    44 abonnés 655 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 10 août 2010
    Certes intéressant mais il faut vraiment aimé ce genre de documentaire (sur arte ils font aussi mieux) pour rester près de 2h15 devant don écran donc réservé aux amateurs du genre.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 11 juin 2007
    On savait, depuis son documentaire sur Idi Amin Dada, que barbet Schroeder, à la manière d'un Scorsese, était aussi bien inspiré sur ses films que sur ses documentaires, les deux genres étant traités comme les oeuvres artistiques qu'elles sont. De ce point de vue là, le pari du réalisateur de Maîtresse (lui-même traité, à l'époque, comme un documentaire d'ailleurs) est une grande réussite.
    Car, au-delà de la quantité d'information mise en avant par Schroeder, et ce avec une justesse rare pour le genre documentaire, L'avocat de la terreur s'impose comme un très bon thriller à la portée internationale sans limite, nous entraînant du Cambodge à la RDA, en passant par la Palestine et le Soudan, tant les liens de Vergès avec les plus grands terrorristes sont évident. Mais là, la magnificence du réalisateur tient en ceci qu'il ne juge pas son sujet, préférant se concentrer sur sa mise en scène.
    Barbet Schroeder arrive, à l'aide des toutes premieres images tournées en DV au Cambodge, à imposer une ambiance, un cadre, digne des meilleurs films d'espionnage, renforcée par le montage à la fois énergique et posé de Nelly Quettier (monteuse attitrée de Leos Carax), rendant l'ensemble d'une fluidité exemplaire.
    Au final, L'avocat de la terreur est, certes, une grande leçon d'histoire, couvrant plus de 60 ans de notre patrimoine mondial, mais il est avant tout une grande leçon de mise en scène, celle d'un personnage qui ne pouvait exister que par et pour les medias, celle d'un acteur dont le cynisme et le charisme le font sortir tout droit des meilleures tragédies grecques, Jacques Vergès.
    norman06
    norman06

    306 abonnés 1 606 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 juin 2007
    Passionnant documentaire qui ravira à la fois les pro et anti-Vergès. Document historique passionnant sur une personnalité juridique aussi brillante que machiavélique. A voir absolument !
    orlandolove
    orlandolove

    116 abonnés 1 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 juillet 2010
    Passionnant de bout en bout. Passionnant par la curiosité que suscite l'avocat en question, énigmatique et trouble. Passionnant par la structure du documentaire qui fait que les témoignages et les protagonistes s'imbriquent peu à peu dans un gigantesque puzzle. Passionnant enfin pour le événements historiques qu'il décrit. Vraiment super intéressant.
    Kubrick's Club
    Kubrick's Club

    36 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 octobre 2008
    Bon documentaire, bien construit et très enrichissant. On découvre la vision de la justice que se fait Jacques Vergès, celle de la légitimité avant tout, sans doute en raison des ses racines vietnamiennes et de la longue lutte pour l'indépendance de ce pays. Cette vision basé sur la subjectivité est-elle compatible avec le Droit? Vergès cite "Antigone", mais cette pièce est connue pour illustrer tout le tragique de l'action, à savoir que l'action de Créon comme celle d'Antigone est légitime. Mais dans ce cas comment juger? Alors c'est tout à fait normal que Vergès monte sur scènes avec "Serial Plaideur" pour défendre sa conception de la justice, d'autant plus que ce qu'il y a de critiquable dans ce film c'est que l'occasion de se défendre ne lui est pas donné. En effet, c'est tout un procès qui lui est fait, et à juste titre, car si on peut comprendre la lutte pour l'indépendance, aucun acte terroriste contre des civils n'est justifiable, tout comme la défense de dictateurs.
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