Our Brand Is Crisis : les secrets du tournage

En seulement 17 ans de carrière, le réalisateur David Gordon Green a dirigé 11 longs-métrages et 2 séries télévisées tout en produisant pour les autres. Voguant à travers les genres, il a commencé sa carrière avec des drames (comme L’Autre rive), a enchainé avec des comédies débridées (Délire Express ou Votre Majesté) avant d'offir à des icônes cinématographiques des rôles sur-mesure (Nicolas Cage avec Joe ou Al Pacino avec Manglehorn). Il dirige avec Our Brand is Crisis une comédie bénéficiant au passage d'un plus gros budget.

Our Brand is Crisis possède peut-être les apparats d’une grosse production mais son histoire est tirée d’un documentaire du même nom réalisé en 2005 par Rachel Boynton. Le film suivait l’élection de Gonzales Sanchez de Lozada à la tête de la Bolivie en 2002, aidé par un puissant cabinet nord-américain : CGS (pour Greenberg, Carnville, Shrulm). L’équipe n’a rien laissé au hasard pour le candidat (du choix de la cravate à ses discours) dont l’image était alors passablement dégradée.

Le tournage, débuté fin septembre 2014, s’est principalement déroulé en Louisiane. Quelques scènes furent tournées dans la ville de La Paz en Bolivie, introduisant pour la première fois un tournage hollywoodien dans ce pays de l’Amérique du Sud.

Grant Heslov et George Clooney, producteurs du film, furent caméramans en 2005 pour un show télévisé intitulé K Street qui suivait une firme de consultants et lobbyistes politiques à Washington. Ils avaient donc déjà une bonne idée des secrets de la politique comme lorsqu'ils ont assisté, un jour, à l’enlèvement de leurs ordinateurs par le Département de la Justice américaine.

Agissant sur le produit final en qualité de producteur via sa société Smoke House Pictures, George Clooney devait au départ être à la fois derrière et devant la caméra dans le rôle que tient sa partenaire de Gravity, Sandra Bullock. C’est sous l’impulsion de l’actrice qui se plaignait de ne rien lire d’excitant et qui demanda ouvertement s’il n’y avait pas un rôle au masculin de libre que l’acteur et producteur s’inclina. L’actrice a comparé son personnage à Karl Rove, principal conseiller et stratège politique de George W. Bush.

Selon George Clooney, le récit du film poursuit un axe précis : "Nous étions moins intéressés strictement par la politique que par la condition humaine et comment tout est aujourd’hui arrangé et vendu d’une manière très spécifique. Bien sûr, les trente pourcents acquis par Donald Trump font écho à notre propos mais nous ne sommes pas bons au point de s’en faire l’écho direct".

Pour Sandra Bullock, le long-métrage n’est pas restreint à sa seule géographie bolivienne mais aborde de front la manipulation des masses. "La bonne nouvelle aujourd’hui c’est qu’avec l’accès obtenu via les médias et Internet, vous ne pouvez plus vraiment vous cacher comme vous aviez l’habitude de le faire en politique", explique t-elle. "Nous jetons une lumière sur une petite portion de ce monde et montrons ce que sont les choses plutôt que ce qu’on nous en vend".