Avant que les X-Men ne lancent la déferlante Marvel, il y avait eu la série Superman, initiée par Richard Donner. Puis, Tim Burton et la Warner avaient donné sa chance au deuxième grand mastodonte des comics DC, l'homme chauve-souris. Si, pour une fois, j'utilise le nom français, kitschissime au possible, ce n'est pas anodin (je ne fais rien au hasard, c'est bien connu). Batman Forever est en effet un navet du plus beau coffrage, et si j'aime d'ordinaire tenter de retranscrire un peu de l'essence du film dans sa critique pour lier la forme au fond, cette catastrophique aventure du chevalier de Gotham parait pousser trop loin le ridicule pour qu'on essaie de lui faire écho. Enfin, user du terme catastrophique est sans doute relativement sévère pour un film qui s'adresse à un public plus jeune, ou plutôt tente de l'inclure au public déjà fidélisé par Burton sans trop perdre celui-ci en route. Ça donne une affaire perdue d'avance, qui oscille entre des scènes, des arcs narratifs et des méchants nanardisants (le plus mauvais rôle de la carrière de Tommy Lee Jones et un Jim Carrey plus que jamais en roue libre), et quelques recherches plus adultes sur la quête identitaire de Wayne et son rapport à son alter ego nocturne. Si si, je vous jure, en cherchant bien vous pourrez vérifiez ces quelques esquisses au moins pleines de sincérité. Mais voilà tiens, c'est ça le plus drôle, c'est que je suis prêt à tout pardonner à Batman Forever, qui dans l'esprit des films de super-héros de l'époque, savait au moins cultiver un certain goût pour le sérieux aveugle mais modeste de type série B, savait rester attachant en admettant ce qu'il est. Toujours bien moins énervant que certains Marvel actuels, eux engoncés dans une autre forme de sérieux, si persuadés d'être cools qu'ils croient pouvoir tout se permettre et prendre leur public pour un toutou fidèle simplement en attente de sa pâtée, de sa dose annuelle de grand spectacle et de discours pontifiants sur ce que signifie l'héroïsme. Bref, en dehors de ça, là-aussi c'est amusant tiens ; je crois bien que c'est ici que Nicole Kidman m'a fait le plus d'effet. Comme quoi, tout film est bon à prendre. Puis Val Kilmer n'est pas mauvais, sans doute moins bon que Keaton en Bruce Wayne, mais à mes yeux meilleur sous le masque du Dark Knight, qui même caché par ses oripeaux, demande à être joué, ne serait-ce que par son attitude corporelle. Certes, Batman Forever (sacré titre, tiens) est bel et bien le mauvais film que (presque) tout le monde décrit. Mais pourtant, peut-être parce que Nolan m'a depuis donné une vision du personnage qui me convient tout à fait, je ne peux pas m'empêcher de regarder ce Batman avec un regard bien davantage amusé que consterné. Un bon nanard, en somme.