La Ligne Rouge m'habite depuis bien longtemps maintenant. Ce long métrage incarne à mes yeux un code, une âme, une immense quête poétique et philosophique, ceux pourquoi j'aime le cinéma ! Terrence Malick ne filme pas seulement la guerre, il compose une fresque sur l'humanité, ses tourments et son état de grâce la plus ultime. D'autres réalisateurs tous aussi talentueux que les autres se sont essayé à l'exercice, mais il est selon moi le seul a avoir pris une telle ampleur. En près de trois heures il film la vie de ces êtres en perdition, plonger dans l'horreur et le tragique de la situation. Aussi paradoxal soit-il, la beauté submerge toutefois de cet enfer. Les paysages, les voix OFF, Flash Backs ou encore plus simplement une conversation, une cage à oiseau, le vent sur ces collines ... Tout nous ramène à une condition, à ce qui nous rattache. Le commencement de La Ligne Rouge retranscrit déjà les prémices, il n'y a dans ce début qu'amour, découverte, poésie à l'état brut et pure. Les chansons sonnent d'ailleurs comme des incantations. Puis le film bascule, la relation entre Witt ( fantastique Jim Caviezel ! ) et Welsh ( Tout aussi excellent Sean Penn ) est mis en perspective, " l'affrontement " sans haine dans lequel ils se livrent tout au long du film. Cette échange dans la cellule de ce bateau fixe déjà les bases, les points de vues se croisent, l'opposition est radical, ils ont d'une certaine manière tout les deux raisons. " Je suis peut être le meilleur ami que tu n'est jamais eu et tu ne t'en rends même pas compte ! ". Un autre duel de style marque ce film, celui-ci est en revanche irréversible. Le Capitaine Staros ( Elias Koteas bouleversant ) et le Colonel Tall ( terrifiant Nick Nolte ) marquent les esprits lors de cette échange téléphonique mémorable, j'ai beau connaitre cette séquence par cœur elle me stupéfait toujours avec autant d'ardeur. Elle symbolise aussi les aspérités, leurs manquements et contradictions, la suite de leurs face à face se fera de façon plus contourné, encore plus saisissant peut être ... Autre dialogue qui me vient la de suite, celui moins dans la confrontation mais bien plus dans le ressentit entre Walsh, encore lui et Storm ( John C. Reilly ) sur les chances et malchances en tant de guerre. Le second confie au premier qu'il s'habitue au fatalisme, qu'il s'y adonne presque et plus surprenant est la réponse puisque Welsh lui dit : " Ça ressemble au bonheur absolu ! ". Il enchaîne avec " Je n'ai pas encore ce Sentiment ", mais on sent bien la bascule ... C'est d'ailleurs un peu l'idéalisme et la force de caractère de Witt qui l’empêche de sombré, il s'y raccroche par procuration. C'est cet espoir qui l’empêche de se résigné définitivement. Cette scène fonctionne d'autant plus qu'elle se déroule lors d'une permanence, la violence agit dans les mots dans une période de calme, ou le silence frappe tout autant que le bruit des balles et des explosions. On virevolte constamment entre sagesse et folie avec ce film. Qui plus est cette conversation aussitôt terminé on bascule sur une autre. Welsh toujours, exit Storm et voila le retour de Witt pour le moment le plus spirituel du long métrage selon moi, le plus étrange du moins ... Le rationnel de circonstance se lie à l'idée métaphysique développé en amont tout au long du film. " - Vous ne vous sentez jamais seul ? - Seulement lorsqu'ils y'a des gens ! ". L'un cède quand l'autre résiste, ils finissent par ne plus se mentir, l'histoire que raconte Welsh termine ce passage. La cage d'oiseau entrevue quelques secondes plus tôt prend ici tout son sens.
La mort de Witt clôt elle irrévocablement ce lien particulier qui les unis. Les larmes de son comparse sur la tombe de ce dernier sont un véritable traumatisme ... Sa mort est d'ailleurs un véritable traumatisme. Son sacrifice, un déchirement. On voit le coup partir, c'est toutefois très brutal ...
J'aimerais aussi dire quelques mots concernant Hans Zimmer, sa musique est juste et magnifique. Sa partition la plus inspiré peut être ... Terrence Malick l'emplois de manière judicieuse. La photographie est tout aussi inspiré, les images qui défilent sous nos yeux ébahis ne manque pas. Son troisième long métrage est un Chef d'Oeuvre, comme les deux premiers !