Dès les premières secondes, ces vagues qui refluent laissent imaginer la catastrophe qui fit huit mille morts à Takua Pa, endroit redouté depuis mais où la vie des natifs continue. Le jeune architecte, avec son visage limpide (il ferait penser à la peluche "Kiki" adulte !) débarque pour travailler mais flâne, fasciné par le contexte où il doit oeuvrer, d'ailleurs le réalisateur aurait dû garder le titre "Holiday" plutôt que ce grinçant "Wonderful town". Ambiance comme en sursis (et si ça recommençait ?), chaque plan est un petit bijou ciselé, la caméra caresse tout ce qu'elle capte, et surtout le couple, et bien avant la rencontre proprement dite, on vogue parmi les serviettes éponge, mêlées à la noirceur des décombres, entre rose buvard, beige et sépia... Le son est primordial, ces remous de plage joints à ceux de la reconstruction, des bruitages qui deviennent musique, sons de cloche, un peu le style Massive Attack... Un homme de passage attire immanquablement une femme au coeur triste et dont le linge constitue l'univers. Mais ici, les événements ont resserré au centuple l'emprise d'un proche, et la jeunesse se montre goguenarde, colère rentrée résultant du désastre, cette perte considérable d'énergie envolée, qui cherche réparation quelque part. Je n'ai pu m'empêcher, concernant l'attitude fraternelle, de penser à l'expression "franc comme un âne qui recule"...