Les mots me manquent tant les choses à énoncer sont grandes.
Barry Lyndon est un tableau, une poésie, une danse, et tellement d'autres choses...
Vous avez devant vous un film magnifique traitant de choses laides. Non pas dures, ni insurmontables, ni traumatisantes. Non, tout simplement laides.
Car Barry Lyndon est le récit du parcours d'un raté. La petitesse d'un homme sans aucune qualité.
Kubrick signe ici une fresque dramatique et désespérée, mais également son troisième plus grand film.
Balançant entre finesse et décadence, il formule nettement le souhait que le spectateur ne pénètre pas entièrement dans son film. Il souhaite le laisser en dehors de ce récit, mais surtout bien loin de de ce personnage à la fois antipathique et pathétique.
Cette notion d'anti-héros, Kubrick l'avait, en effet déjà utilisé pour son précédent Orange mécanique. Cependant cette utilisation était poussée à l'extrème.
Dans le cas présent, il immerge cette notion de façon délicate et subtile, en effleurant progressivement l'esprit du spectateur.
Pour cela, il utilise un style des plus spéciaux, combinant zooms arrières et mouvements de caméras posés.
Que dire sinon que c'est purement et simplement du grand art?
Barry Lyndon est un spectacle fascinant mais également dérangeant, une fois de plus c'est folie et désarroi qui sont exprimés ici bas.
Il y a beaucoup de façons possibles pour exprimer la fadeur des actes et la maladresse de l'âme, Kubrick, lui, a opté pour la plus belle.
Ce film est un critique. Une critique ayant à nouveau pour cible; l'homme. Une critique de la nature humaine, de ses troubles, des ses faiblesses, de sa couardise mais aussi quelques fois de son amour.
Redmond Barry pourrait être une victime, mais sa lâcheté et sa soif de sa propre destruction font de lui un bourreau.
Une folie souvent démentie, est pourtant là n'en doutez pas.
Mais plus encore que tout cela, c'est la beauté et l'expression qui prédominent. Reconstruction historique mémorable, décors et costumes incroyables ainsi que des scènes inouïes, ce film est une merveilleuse claque. Le refus de Kubrick pour les lumières artificielles ne le rend que plus beau, au souffle des bougies seuls quelques visages véridiques apparaissent. Le choix visant la musique est également incontestablement magistral.
Dans chacun de ses films, Kubrick souhaite nous enseigner une valeur, ou même une vertu, celui ci est surement l'une de ses plus belle leçon. Corruption mêlée de passion offrent une richesse d'expressions impressionnantes. Un cours comme celui ci ne se refuse pas, ne craignez pas les trois heures annoncées, vous ne les verrez pas passer.
Régalez vous plutôt de ce chef-d'œuvre, pur joyaux d'un cinéma presque perdu.