Clint Eastwood devant et derrière la caméra pour le plus grand plaisir du cinéphile, mettant en scène "Gran Torino", film social aux relents de tout ce que la carrière de la légende à mis en exergue. Outre un récit aboutissant sur un final surprenant, ou pas, selon l’idée que l’on se fait d’Eastwood, Gran Torino est également un film socialement important. Ici le principal mérite du film est de parvenir à rendre un scénario faisant fi d’éléments extraordinaires en une formidable histoire aux tendances dramatiques ; on nous sert donc de la tranche-de-vie particulière et au bout du compte passionnante, car le personnage principal, un certain Walt Kowalski, n’est pas loin de porter à lui tout seul ce long-métrage. Ancien soldat récemment devenu veuf, l’intrigue va alors s’attacher à décrire l’univers de ce protagoniste en tout points atypique, arborant un caractère foutrement borné et acariâtre, pétri de préjugés raciaux du fait de son passif de militaire et des mutations ayant connus son petit monde. Sont notamment abordés les sujets du conflit générationnel, de l’Amérique de l’immigration, du racisme, du deuil, de la force ouvrière face à l’ère tertiaire, tout un tas de sous thèmes aborder avec finesse. En passant, Eastwood dépeint une Amérique pluriculturelle, ici c’est de Détroit, Michigan, dont on parle, en mettant en scène, sans forcer, des asiatiques, des latinos, des noirs ; la mixité au profit de nouvelles découvertes sociales. Gran Torino, d’où son nom, c’est aussi une belle façon d’imager l’amour de l’automobile par son propriétaire. Oui, lustrant, soignant avec soin sa Ford Gran Torino, seul héritage d’un passé patriotique sans concession, le personnage de Walt Kowalsi démontre un attachement à un véhicule représentant la seul vraie richesse de l’Amérique par définition dans un quartier mixte. Passé sur tous les sujets sous-jacents, l’on se délectera du jeu de l’acteur numéro un, hargneux, cynique, moqueur, mesquin et égoïste, sans oublier raciste, de prime abord, jusqu’au bout des ongles. L’on fait donc la connaissance, avec amusement, d’un vieillard solide qui enterre sa femme et qui se caractérise en insultant son prochain, en médisant sur les siens et en mettant un point d’honneur à ce qu’on l’on ne l’aime pas. La suite nous éclairera sur un changement de personnalité, sans pour autant que le caractère de légende en soi altéré. Vétéran de la guerre de Corée, employé modèle de la chaîne de production automobile, qui, à l’aurore de sa vie, s’entretient puis se créer de liens avec une communauté asiatique, les Hmong, pour lesquels il deviendra symbole de protecteur, de sauveur des âmes en peine. La relation qui unit le vieil homme et les enfants de ses voisins asiatiques est l’élément déclencheur d’une nouvelle vie pour le vieux Walt, une vie qui aura enfin un but autre qu’égoïste. Un film culte de par ses dialogues, de par la personnalité inimitable de l’ami Clint et de par un récit simple mais plein de sous-traitements. On ne reviendra pas sur la qualité de la réalisation avec sa mise en scène excellente, ainsi que d’un fil directeur maintenant sans mal l’intérêt du spectateur, on peut notamment compter sur la qualité sans faille de l’interprétation de Clint Eastwood. Une photographie sobre, un habillage musical léger comme il faut dans le cas de ce genre de production, des acteurs peu connus mais rudement bien dirigés font de ce "Gran Torino" une oeuvre unique. En bref, Clint Eastwood prouve à nouveau sa qualité de réalisateur performant et de comédien hors-norme, avec une histoire qui ne manquera pas de vous bouleverser, de par son protagoniste principal inoubliable et l’histoire unique qui nous est conter. Une leçon de vie à voir de toute urgence.