Le cinéma français n'en est pas à sa première intrusion dans un cinéma de genre habituellement confiné à d'autres frontières. Malheureusement mais aussi sans surprise, les films fantastiques ou d'horreur du pays n'ont jamais atteint qu'un stade fœtal avorté. En cause, leur mimétisme ou leur plagiat des recettes américaines à la sauce locale désargentée, leur tendance à user de choix esthétiques et de tons extrêmes, une recherche d'un réalisme quasiment documentaire, puis des thèmes sociaux gageures... La horde fait alors presqu'exception. Au menu, une fibre de polar débute la bobine, typiquement française de par sa froideur ou sa lumière minérale et sombre. On espère alors être surpris par un véritable choix de mélanger des genres nettement distincts, mais les scènes suivantes donnent le ton. Une grossièreté à chaque phrase de dialogue, oui c'est possible... l'ovni espéré un instant se crache lamentablement sur le territoire "cinéma français qui veut s'assurer une caution réaliste arrachée à la dure, parce que nous on connaît le vrai cinéma". Voici comment tenter d'imposer un réalisme censé pousser à croire en une histoire, des personnages: enculé, pute, baiser à chaque phrase. D'une part la ficelle est énorme et banale, et d'autres part ça stigmatise et enferme irrémédiablement les bonhommes dans des stéréotypes qui, suspens... suspens... vont perdurer tout le long du film, et oui... La horde, heureusement, ne se résume pas à celà, et prend un tout autre chemin, passé la pseudo-histoire de flics rippoux. Même si cet écueil ravageur façon série feuilleton TF1 du soir plombe littéralement l'intérêt d'une éventuelle histoire, le film rebondit en introduisant ses zombies venus de nul part. Parce que La horde finalement, c'est ceci. Un trip gore ou plutôt un carnage qui assume (le mot assumer est rarement utilisé à bon escient) son utilité, celle du divertissement d'horreur fait de giclures et de personnages qui inverseront leurs positions symboliques jusqu'à se confondre avec leurs bourreaux. Rien de bien nouveau en somme, mais La horde le fait correctement et se réserve en réalité la présence inespérée cette fois, du personnage de René, patchwork très réussi grâce surtout à son jeu peu emphasé mais engagé par rapport à ses confrères totalement stéréotypés et surjoués... La horde c'est tout ça: une idée de départ ordinaire, un background social amené à la truelle maladroitement, un découpage parfois illisible mais plus souvent plaisant, des personnages variés mais 100% prévisibles, et puis ce pendant, le revers comique de René, et enfin le second degré propre au carnage frisant notamment le manga. Sans doute la meilleure production horrifique française, à saluer avec les honneurs, sans pour autant l'épargner par chauvinisme.