► C'était mieux avant ! Combien de fois avons-nous entendu cette réflexion lorsque nous évoquions, non sans une certaine mélancolie, les souvenirs qui ont marqué notre jeunesse. Et, en effet, qu'il était bon de grandir dans les années 90 et que l'on pouvait frissonner à la lecture des célèbres œuvres de R.L. Stine ou à la vision des adaptations télévisuelles diffusées après l'école, en récompense de nos devoirs bien faits. Chair de Poule est devenue une anthologie totalement culte pour toute une génération d'enfants traumatisés, ces mêmes enfants trop jeunes pour regarder les Contes de la crypte (sortis déjà 10 ans auparavant) mais qui refusaient d'attendre l'adolescence pour avoir peur !
► Mais voilà, devant les plus de 200 œuvres écrites de l'auteur, les chances de décevoir le spectateur étaient prévisibles, surtout lorsque le projet, d'abord pensé par Tim Burton n'a jamais abouti plus de 15 ans auparavant. C'est donc, Rob Letterman, réalisateur de nombreuses comédies animées (tel que Gang de Requins) qui s'est attaqué à la franchise en tentant de rendre hommage à ce monument de la littérature de jeunesse, en faisant de Chair de Poule un mélange, malheureusement, très maladroit de comédie, d'épouvante et d'aventure. Que les anciens enfants apeurés s'arrêtent tout de suite : Chair de Poule risque d'être une grande déception pour vous si vous attendez une ambiance similaire aux livres car l'oeuvre de Letterman n'est autre qu'un sympathique teen movie, sans grande originalité, qui peut se vanter de ses belles images de monstres colorés.
► Comme tout film ado qui se respecte, Chair de Poule, démarre par l'arrivée d'une famille en deuil dans une banlieue américaine, puis continue sur la naissance d'une idylle entre jeune homme cynique et jeune femme mystérieuse, au père psychorigide à la limite de l'hystérie. A partir de là, toute l'intrigue trouve son chemin dans la découverte des personnages, de leurs monstres et le chemin personnel qu'ils devront parcourir pour se sortir de la situation chaotique qu'ils ont eux-mêmes créées. Et c'est peut-être là, la première erreur que commet Chair de Poule. Si sa volonté intergénérationnelle se comprend par le fait qu'une superproduction rappelle à l'ordre les anciens et tente de convaincre les nouveaux, le mystère créé autour de tous ces personnages et l'enchaînement gratuit des coïncidences rendent le film, dans sa globalité, prévisible et parfois ennuyeux.
► D'ailleurs, beaucoup de spectateurs, spécialistes de l'anthologie, sortiront de la salle en affirmant qu'ils auraient pu faire bien mieux et, pour une fois, il est possible qu'ils aient raison car la peur du choix se ressent fortement dans le film et la prise de risque n'est pas suffisante pour que Chair de Poule s'impose suffisamment à l'écran. On déplorera, également, une certaine lourdeur dans les répliques et réactions comiques, qui, de même, ne nous surprennent jamais et ne sont, au final, pas si drôle que ça. Mais cela peut être dû à un casting de jeunes gens, forts sympathiques, au demeurant qui trouvent beaucoup de mal à se prendre au sérieux et ne sont que rarement crédibles.
► Cependant, il est toujours plaisant de retrouver Jack Black dans un rôle au cinéma et l'acteur ne faillit, bien sûr, pas à sa tâche en prenant le soin de nuancer son jeu habituel afin qu'il soit mieux en accord avec ce personnage « aristocratique ». Il est également plaisant de redécouvrir des monstres, plutôt bien réalisés et les nombreuses références au cinéma de genre de toutes les époques (Gremlins, La Nuit des mort-vivants, The Blob...) qui offrent au public quelques moments mémorables. Sans oublier la musique de Danny Elfman qui, bien que discrète à des moments, ne manque pas de créer une ambiance qui oscille entre aventure d'un superhéros au pays des merveilles et invasion des vilains martiens sans tête: le End Credits (à réécouter sans retenue) est, à lui tout seul, un gigantesque hommage à tout l'univers des livres de Stine et mérite que l'on aille voir le film.
► Finalement, Chair de Poule reste un film grand budget sympathique à regarder même s'il peut entraîner l'énervement d'un spectateur qui ne voulait pas que l'on touche à ses amours de jeunesse. Le public familial trouvera son compte et les plus jeunes pourront être impressionnés par certaines images, même si l'ensemble reste bien plus léger que l'adaptation télévisuelle des années 90.