Non, je ne me joindrai pas au choeur qui tresse des louanges autour de ce "Jaffa"-là.
Ces amants de Jaffa ont beaucoup des amants de Vérone : ici Roméo est Arabe et s'appelle Toufik, quand Juliette est Juive et se nomme Mali. Leurs amours sont condamnées d'avance, et l'homicide (involontaire) de Meir, le frère de Mali, par Toufik remplace avantageusement le meurtre de Tybalt, cousin de Juliette, par Roméo, en consommant la rupture entre les amants proche-orientaux. La suite de l'intrigue est pourtant moins tragique pour les jeunes héros : 9 ans plus tard, libéré par anticipation, Toufik, amoureux comme au premier jour, renouera avec sa bien-aimée, en dépit de sa trahison - enceinte au moment de son arrestation, elle lui avait écrit avoir avorté ; la dernière scène, en forme de prémices d'une nouvelle idylle, est la rencontre de Toufik et de sa fille. Cependant Shakespeare, après tant de deuils (on sait quel est le sort final de Juliette et Roméo) concluait sa pièce par la réconciliation des familles Montaigu et Capulet : on imagine que le fossé de haine entre Arabes et Juifs en Israël, celui-là même qui assure la trame narrative ici, ne saurait, lui, être comblé. Mais cette question essentielle est hélas escamotée.
Cette tragédie moderne méritait une mise en scène à sa mesure : je ne trouve pas que ce soit le cas. La réalisatrice, en voulant épurer à outrance, ne réussit qu'à brouiller la maturation psychologique des personnages, celle de Mali en particulier, et en voulant éviter les effets trop convenus, elle prive le spectateur de repères de nature à entraîner l'empathie : dans un film racontant une histoire sur le principe aussi touchante, je n'ai pas ressenti une once d'émotion. Que dire par ailleurs de l'usage immodéré du plan séquence : on ne ressent rien, et en plus, on s'ennuie. Rien à sauver enfin côté interprétation : Mali/Dana Ivgy et Toufik/Mahmoud Shalaby sont au charisme minimum et Ronit Elkabetz toujours aussi hystérique. Vrai ratage pour beau suje