Blow-Up est un film étonnant, mon premier Antonioni, et certainement pas le dernier. Techniquement, c'est un vrai bijou, les plans magnifiques s'enchaînent les uns après les autres, les lieux et les couleurs se marient parfaitement, la caméra n'existe plus tant l'esthétique du film nous absorbe... Mais l'apport majeur est, selon moi, le personnage campé par David Hemmings. Je crois n'avoir encore jamais vu au cinéma de personnage plus impulsif, spontané, instable presque, comme irradié par un bouillonnement créatif pur. Son attention n'est jamais vraiment fixée en un même endroit et est continuellement changeante. Ses interactions avec les autres sont tout aussi fugaces, il s'attache et se détache le plus simplement du monde. Lorsqu'il s'ennuie, il ne s'excuse pas, et passe à autre chose, en quête d'une nouvelle découverte. Il a besoin que l'on attise sa curiosité pour se sentir vivant et la routine semble l'horrifier. Lorsqu'il photographie un couple dans un parc, et que la femme, l'ayant vu, lui supplie de lui rendre ces clichés volés sans lui expliquer pourquoi, il décide de mener l'enquête pour élucider ce mystère. Alors, le film s'étire en longueur... Mais il s'agit là de longueurs utiles pour comprendre le personnage. Ce sont des longueurs où l'on apprécie cet être volatil jusque là, explosif par moments, se poser, se concentrer, étudier ces photographies dans les moindres détails... L'écriture du personnage est fascinante, et David Hemmings incarne à la perfection cette identité si singulière. Pour cette raison, Blow-up est un film que l'on savoure sur le moment oui, sans toutefois comprendre parfaitement pourquoi, mais qui nous travaille plutôt ensuite de l'intérieur, une fois fini. Il représente ce cinéma qui ne s'arrête pas à l'image seule, mais creuse plus profondément ses sillons dans l'esprit du spectateur pour y pondre quelque chose de vivant, un souffle créatif et inspirant.