Avis sur Joë Caligula, du suif chez les dabes

Bénazéraf qui se fera surtout connaitre plus tard pour ses films érotique au style particuliers réalise ici un film de gangsters sauce nouvelle vague ; un voyou du Sud de la France monte à Paris pour une carrière à la Scarface. Joë Caligula est plutôt bien réalisé mais le style a vraiment du mal à nous passionner de nos jours, le film a un côté amateur et la violence et l'érotisme de ce film ne font plus d'effet aujourd'hui.

Ce n'est pas parce qu'un film a été interdit qu'il en devient génial ! Car enfin, c'est quoi ce truc ? Des plans interminables dont certains ne servent à rien (l'enterrement) des acteurs mauvais comme ça n'est pas permis (il faut avoir vu une fois dans sa vie Jeanne Valérie essayer de jouer), une histoire assez embrouillée sans intérêt et qui se traîne, des scènes de violences ridicules tellement elles sont mal simulées, des mecs descendus à la mitraillette qui réapparaissent en pleine forme au plan suivant, quelques chansonnettes stupides. Il reste quoi ? Une bonne photographie, quelques jolies nanas et un double strip-tease pas trop mal foutu, ça fait bien peu..

La série noire à la sauce nouvelle vague, comme "A bout de souffle" mais en plus radicale et élaborée. Un mélange de Scarface et de Caligula, criminel pathologique, mégalomane, subversif et éperdument amoureux de sa soeur. A la fois une tragédie libertaire (façon Max Stirner) et un film qui sait très bien jouer de la dérision (la tête de Degaulle en bouchon de bouteille !), qui ose s'aventurer du cotée de l'érotisme et qui démontre un sens de l'image, de la mise en scène assez époustouflant. Bref c'est un petit bijou. Pour les amateurs la bande son rock de la fin des années soixante vaut aussi le détour.

Une histoire de gangster à laquelle on ne comprend rien. Cela se passe dans le milieu de la prostitution et des voyous parisiens. L'histoire est nulle, mais le pire est la réalisation qui est en-dessous de tout. Amateurisme en est le maître mot. Une étoile seulement pour le responsable de la photographie qui nous gratifie d'un beau noir et blanc, et pour la toute dernière séquence.
Vu le film il y a 50 ans, il était déjà nul...

Joë Caligula, du suif chez les dabes aurait été interdit par la censure en même temps que la religieuse de Jacques Rivette mais pas pour les mêmes raisons. Il a devancé de plus de trente ans l'extrême violence des films de Quentin Tarantino ce qui n'en fait pas pour autant un bon film et loin de là. C'est en fait l'un des pires ratés français que j'ai jamais vu. Le générique va même jusqu'à affirmer ceci si John Ford est Homère pourquoi pas après tout ce réalisateur se compare au poète grec alors José Bénazéraf est Marcel Proust. Et bien si c'est le cas alors Ed Wood est Shakespeare. Bénazéraf est connu mais seulement par les gens qui aiment ce genre de choses pour des films qui allaient suivre dans le sillage de celui-ci avec beaucoup de scènes de strip-tease et de femmes nues au lit...

Un très bon film de Bénazéraf, l'un des meilleurs pour moi (beaucoup d'autres étant assez mauvais d'ailleurs). Le film est tourné avec originalité, le rythme est haletant, on est captivé. L'image en noir et blanc est très belle. Et Gérard Blain est excellent comme d'habitude. A recommander.