Une comédie, ça ? Non mais vous plaisantez, j’espère… et en plus, ce film a été en course pour le César du meilleur film ? Non mais c’est une blague ! C’est un comble, oui ! Car "Mammuth" est l’exemple type du désamour du public envers les films français, dont l’aspect général ressortant ici ressemble fort à un coup du père François. L’heure de la retraite a sonné, annonçant en quelque sorte une fin inéluctable. Puis viennent quelques banderilles au cours de la première demi-heure, absolument succulentes, espacées de moments plats. Si ces premières minutes sont intéressantes et font clairement rire avec notamment la séquence du supermarché, elles demeurent spasmodiques. Durant l’heure qui suit, on glisse peu à peu dans l’ennui, jusqu’à dessiner un tracé plat sur l’encéphalogramme. Au fur et à mesure que j’avançais dans le film, je n’ai pu m’empêcher de penser que j’allais finir complètement abruti moi aussi, à l’instar du portrait dressé quant à la société qui nous entoure. Nous est présentée une belle collection de cas sociaux, de la personne lambda agressive à la plus simplette sans grande éducation, en passant par des dépravés notoires, la liste étant loin d’être exhaustive. Le fait que nous n'avons affaire qu’à des personnes munies d'un esprit où certains fils n’ont pas été branchés au bon endroit, à supposer qu’ils le soient. Déprimant. D’autant plus déprimant que la musique est aux abonnées absentes, hormis les scènes où le rôle-titre roule à moto sans jamais tomber en panne de carburant alors que son propriétaire est fauché comme les blés. De nombreuses scènes sont muettes, sans même le moindre bruit, moments aménagés pour la réflexion du personnage, et peut-être pour le spectateur, qui y verra peut-être de se laisser abandonner dans les bras de Morphée. A cela on rajoute une image hideuse, avec un grain important et aux couleurs fanées, comme si la pellicule avait mal vieillie dans un carton oublié et miraculeusement retrouvé. Cela contraste honteusement avec une bande son étonnement nette. Que nous reste-t-il alors ? La présence énorme de Gérard Depardieu, tout comme sa silhouette, plus imposante que jamais. En dehors de ça, on n’a pas grand-chose à nous mettre sous la dent, hormis la prestation de Yolande Moreau, savoureuse à souhait sur les scènes du puzzle et de la poursuite de son téléphone portable. Isabelle Adjani est affligeante, et la présence de Benoît Poelvoorde est inutile, tout comme l’ensemble de ce film d’ailleurs, car les rares bons moments et la prestance lunaire d’un Gérard Depardieu ne suffisent pas à sauver une œuvre au message difficile à déterminer. Y en a-t’il seulement un ?