Encore un bon film de Jacques Audiard, bien ficelé et surtout très bien joué. Kassovitz y est posé et ambigu à souhait, Kiberlain est radieuse !
Mais il manque aussi une certaine énergie et le personnage de Kassovitz, lunaire et poltron, reste difficile à cerner même si la transition de "lâche" à faux héros passe plutôt bien.
Après une première demi-heure qui reprend la narration éclatée de Regarde les hommes tomber, Jacques Audiard revient à une forme plus classique pour narrer le mensonge dans lequel se love le personnage principal, admirablement servi par Mathieu Kassovitz. Si l’intrigue en elle-même demeure conventionnelle, elle illustre à merveille le trouble d’une époque particulièrement sombre qui est celle de l’après-guerre. On plonge alors avec délice dans les compromissions des uns et des autres, ainsi que dans le maquis d’une reconstruction nébuleuse où d’anciens collabos trouvent encore leur place, tandis que certains résistants ont pu bénéficier de largesses sans que leur compétence soit vraiment à l’origine de leur promotion. Audiard rend cette époque avec un grand sens de l’observation et une justesse de ton qui font de ce second film une franche réussite, menée par tout le gratin du cinéma français d’alors.
L'histoire tout à fait passionnante d'un petit garçon qui, devenu grand, fait de son univers rêveur une réalité. Ses mensonges et impostures n'ont d'autre but que de le faire exister aux yeux des autres. Pas de malveillance, seulement une envie d'être quelqu'un. En cela, le scénario est très bien vu, avec des conséquences bénéfiques du mensonge, mais aussi des effets pervers. Et l'on se demande s'il tiendra longtemps dans la peau du résistant qu'il n'est pas. L'idée de Jacques Audiard de traiter cette histoire sous forme d'un semi-documentaire, avec des interviews actuels de personnes ayant cotoyé son personnage à l'époque, est déroutante mais fonctionne plutôt bien. En tout cas, c'est un style bien à lui. Si la légère lenteur du film n'est pas trop dérangeante, la mise en place est peut-être un peu longue, car les choses ne commencent réellement qu'à la moitié du film. Mais dans l'ensemble, un bon film, singulier.
On connaissait la notion de résistant de la dernière heure, du français opportuniste changeant de camp ou simplement sortant de son inaction au moment où la victoire se dessine. L'opportunisme d'Albert Dehousse est postérieur aux combats de la Libération et répond moins à une volonté peu scrupuleuse qu'à une suite de hasards favorables grâce auxquels ce "héros" peur se faire valoir. Surtout, l'attitude de Dehousse se fonde sur un caractère psychologique qui le prédispose, pour sa défense,à son imposture incroyable. Le début du film fait d'ailleurs état des raisons pour lesquelles il cultive un certain complexe d'infériorité à partir duquel se développe son comportement de mythomane. Faux résistant puis vrai lieutenant-colonel dans l'armée, au terme d'une suite de rencontres et d'un parcours qu'Audiard a su rendre tout à fait crédibles, Dehousse n'a rien prémédité et sa discrétion relève de son propre étonnement, de ses hésitations devant les incidents heureux qui font de lui un héros. Le récit devient passionnant où l'on attend le faux-pas, le mensonge de trop par lequel la vérité finira bien par éclater. Car le fil ténu du mensonge engendre un véritable suspens. Au passage, au moyen de témoignages postérieurs, façon documentaire télévisuel, régulièrement insérés dans le récit, Jacques Audiard ne manque pas d'ironiser, en relation avec le sujet, sur la vérité historique officielle et la valeur de ses témoignages. Son film est brillant en dépit, à l'instar du style de son premier film, de cadrages et de gros plans abusifs et agaçants. Albert Dehousse n'en demeure pas moins un personnage fascinant.
Audiard savait déjà faire des scénarios profonds, une belle mise en scène, des personnages travaillés comme le montre ce film. Le film est très différant de ce que l'on peux voir sur ce sujet car Albert Dehousse n’usurpe pas d'identité et n'est pas avide d'argent ou de pouvoir. Kassovitz campe bien son personnage et Desplat n'étais pas le très grand compositeur que l'on connait de nos jours.
Comme à son habitude, Audiard signe une oeuvre complexe et intelligente, abordant des thèmes et une époque difficiles, tels que l'héroïsme, le mensonge, la reconnaissance. Un film maîtrisé de bout en bout, par ce réalisateur exemplaire (sûrement l'un des meilleurs français), qui nous plonge dans cette imposture avec une magnifique justesse. Kassovitz cole parfaitement au rôle. Une réussite donc, mais vu le réalisateur, ce n'est pas une surprise.
Histoire habile dun homme manifestement mal dans sa peau, qui saccomplit en usant de sa mythomanie pour devenir, en une suite de tricheries brillantes, un « vrai résistant ». Le cadre de la résistance nest quun prétexte à une réflexion sur lidentité, avec, au passage, quelques opinions bien senties sur la crédulité des gens et la manipulation. Bon film et bons comédiens.
avec Mathieu Kassovitz Sandrine Kiberlain Anouk Grinberg
Avec ce film Audiard retrouve Kassovitz pour un film assez théorique. En effet Un héros très discret raconte de la façon la plus réaliste possible une histoire purement romanesque. Mathieu Kassovitz incarne ici le rôle d’un homme qui s’invente une vie. L’histoire se passe durant la période de la seconde guerre mondiale et derrière le miroir vérité et mensonge le réalisateur montre aussi deux sublimes portraits de femmes bien différentes mais toutes deux délaissées (Sandrine Kiberlain, Anouk Grinberg) par leurs maris partis au combat.
l'effet, biographie du passé ("quand j'etais jeune") fort ratée, laisse vite place à un décor de guerre, de vie de tous les jours où l'on suit la métamorphose qu'un garçon simple mais intelligent qui s'adapte aux rouages de l'après-guerre. Loin d'être transcendant, il respire une odeur d'histoire vraie qui laisse se prendre au jeu. un film tranquille, pour apprécier un film sans fioritures, laissant pleinement la place au jeu d'acteurs.
Scénario original. L'histoire paraît difficile à croire mais en même temps la réalité dépasse parfois la fiction alors... C'est bien joué. Une petite critique non pas sur le jeu de Mathieu Kassovitz mais sur son personnage : il paraît un peu benêt au début et prend énormément d'assurance ensuite, et a priori pas que de l'assurance, de la compétence aussi, ça paraitrait possible s'il était moins benêt au début là c'est un petit peu difficile à croire. Enfin on peut changer, c'est aussi l'histoire du film. Bref... ce n'est pas le film du siècle mais ça se regarde. J'ai été surpris de voir que le film était sorti en 96, ça fait plus film des années 80. Ah il y a aussi un petit côté Amélie Poulain pas parce que Kassovitz joue dans les 2 films mais au début du film j'ai trouvé que ça se rapprochait dans la façon dont l'histoire était racontée. Amélie Poulain est sorti 5 ans après.
Le film à du mal à décoller dans un premier temps puis se lance et captive le spectateur à travers se personnage superbement interprété par Mathieu Kassovitz. On suit avec plaisir ses aventures, porté par la caméra de Jacques Audiard que l'on sent hésitant entre différent styles,comme cherchant son propre cinéma. Un film Français captivant car superbement écrit, comme on aimerait en voir plus de nos jours.
1 étoile pour l'originalité du scénario : un homme qui se fait passer pour un héros pendant la guerre alors qu'il n'a rien fait. Mais au bout d'1/2h dans ce film, qui fait plus téléfilm qu'autre chose, rien ne s'est encore passé. C'était donc très long et très chiant. Trop pour moi. Je me suis arrêté là.
La preuve qu'avec un rythme lent, aussi bien dans la mise en scène que dans le jeu des personnages, on peut faire quelque chose de grandiose. Ici, la discrétion du héros fait mouche et, avec ses dupes, on entre dans le jeu et la crédibilité en est tout simplement époustouflante, parce que ce film dit finalement la vérité sur le mensonge, et qu'on le ressent bien. Cependant, il faut bien rentrer dedans dès le départ sinon on est perdu, il faut s'y plonger avec une certaine concentration, et si ne le fait pas, le film peut paraître ennuyeux et confus.