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La_Mort_Dans_L_Oeil
26 abonnés
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2,5
Publiée le 8 août 2010
En dehors d'un plan assez saisissant des favelas qui s'étalent à l'infini, de quelques sourires qu'on ne peut s'empêcher de laisser échapper devant le ridicule de cette frange ultra minoritaire au Pérou qui donne en spectacle son ennui et sa vulgarité devant son humble petit personnel local, c'est plutôt la platitude de l'ensemble qui domine, avec une mise en scène très sage, et un scénario digne d'un épisode de Desesperate Housewifes, notre télénovela à nous occidentaux du Nord. Imposture d'Elisa, qui cache ses origines (rêve coupable), s'oblige à lire la Bible intégralement, apprendre les noms latins de cactus pour singer ce milieu d'oisifs désœuvrés, dont les fêtes s'enchaînent et se suivent, identiques les unes aux autres. Tout le monde s'oublie dans l'alcool et la drogue (enfin, on nous le dit, mais on ne nous le montre pas). On nous laisse entendre que ces soirées sont des orgies, mais si l'on retrouve au petit matin les corps vaguement emmêlés sur les matelas autour de la piscine, ils sont tous bel et bien habillés, pas même un torse nu, comme s'ils s'étaient écroulés ivres tels quels au bout de la nuit. Film faussement trash, mais en fait très chaste, hors les deux moments où Diego (dont le visage se tord d'un bout à l'autre du film en des grimaces assez vilaines, plasticité qui lui permet de composer un visage angélique si la situation de son milieu l'exige) profitera du sommeil et de l'ivresse de sa sœur pour s'exciter un peu en la tripotant, mais retenu finalement par la culpabilité. Coincé entre un cinéma Mexicain qui ose vraiment et celui de ses voisins Brésiliens ou Argentins, le Pérou peine à trouver sa voie.
Derrière le brésilien et l'argentin, aux moyens bien plus considérables, le cinéma péruvien est sans nul doute le plus intéressant d'Amérique du sud. Francisco Lombardi, Claudia Llosa (Fausta)et Josué Mendez, dont on n'a pas oublié le cinglant Dias de Santiago, en sont les figures de proue. Avec Dioses, Mendez prend pour cible la minorité des très riches péruviens, isolés du monde dans leurs maisons de Lima ou dans leurs villas luxueuses de la côte, avec vue sur le Pacifique. Le film, par petites touches, avec des scènes qui reviennent en boucle et des cadrages ultra stylisés, théâtralise ce microcosme avec une violence sourde, dissimulée derrière la richesse écoeurante du décor et la beauté apparente de ce petit monde oisif et foncièrement vulgaire. Facile de s'en prendre aux nantis ? Certes, et le film a d'ailleurs des accents universels, tout autre pays pouvant remplacer le Pérou. L'intérêt de Dioses est dans sa mise en scène, à la limite du maniérisme, ses brefs moments d'outrance (inceste, drogues et avortement) dignes d'une telenovela et sa vision périphérique (les domestiques, les bidonvilles de Lima) qui donnent du relief et une perspective à un discours qui, sinon, serait banal et sans risques. Avec son atmosphère à mi-chemin entre Canines et Daniel & Ana, Dioses est un film dont le parfum capiteux a des relents de pourriture.