Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Kloden
114 abonnés
997 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 19 mars 2016
Dans sa manière d'illustrer directement l'appel de la démesure qui animait son auteur, Fitzcarraldo sonne comme un écho optimiste d'Aguirre, le chef-d'oeuvre de Werner Herzog. Si je m'y suis par moments quelque peu ennuyé, c'est que l'allemand délaisse cette fois sensiblement la mystique qui faisait la grandeur d'Aguirre pour lui préférer une fibre plus humaine, ménageant des séquences plus longues pour faire ressentir au plus près la solitude de son héros, qui doit se battre à chaque instant contre les éléments et l'étiquette de folie que lui accolent les autres. Il donne alors parfaitement à voir combien cette volonté de grandeur est celle d'une tentative d'émancipation, relève d'un défi existentiel bien plus que de la simple lubie d'un homme déconnecté de tout. Dans un style moins documentaire, Herzog filme de façon pourtant tout aussi naturaliste par des contre-plongées qui donnent un élan d'ascension au film en même temps qu'elles font la part belle à une Nature dominatrice. Par des moyens différents, Fitzcarraldo retrouve donc la prégnance primitive d'Aguirre, même si celle-ci est plus diluée, recherchée avec un peu plus de distance. Moins désespéré, Herzog regarde les limites du pouvoir humain sur sa propre vie et sa quête de grandeur de façon un peu plus apaisée : si le personnage achève lui-aussi son voyage sans rien avoir concrètement accompli, et que l'aspect cyclique du périple parait délimiter tout ce dont un Homme est capable, le personnage de Klinski (encore une fois époustouflant) trouve dans l'amour et le souvenir d'un accomplissement éphémère une forme de contentement inébranlable, puisqu'elle naît au cœur même de ce qui paraissait une défaite. Cet optimisme, nuancé et surtout pas naïf, prend parfaitement corps dans la mise en boîte plus retenue qu'Herzog avait adopté tout du long et qui avait pu m'ennuyer par séquences, là où une folie constante à la Aguirre aurait mal préparé le terrain à cette conclusion mélancolique mais porteuse d'un certain espoir. C'est pourquoi, même si j'ai sur le coup été moins emporté que par la première collaboration Klinski/Herzog, Fitzcarraldo trouve dans sa conclusion une cohérence qui en fait le revers d'Aguirre, un autre regard sur la vie et le rêve qui possède la même profondeur, et sans se marcher dessus mais sans doute au contraire en se complétant, les deux œuvres dantesques de Werner Herzog disent, indéniablement, quelque chose de très pur sur ce qu'est l'existence et l'envie brûlante d'en dépasser les limites.
Grande fresque amazonienne et mégalomane de Herzog. Y a un côté apocalypse now et un côté la porte du paradis (même si je préfère nettement ces deux la). Le film se regarde bien et Kinski crève l'écran.
Werner Herzog, comme son personnage de « Fitzcarraldo », aime les grands défis, et il y a un parallèle évident entre le tournage du film et ce qu’il raconte, l’aventure extraordinaire d’un ingénieur, exemple extrême de l’entrepreneur et de l’utopiste, qui veut construire un opéra dans la jungle ou faire gravir une montagne à un bateau ! Le film a un côté grandiose, surtout dans sa seconde partie avec la présence des indigènes, et c’est bien vers l’opéra qu’il lorgne, privilégiant les grands moments et les grands airs, laissant de côté nuances et subtilités. Il en résulte un spectacle esthétique et étonnant, dont de nombreux plans marquent durablement la rétine.
Un film d'aventures à la fois dans des contrées hostiles et aussi au niveau humain. Kinski dans le rôle d'un mégalomane est parfait, une histoire sur la folie des hommes (mais on ressent moins cette folie dans la mise en scène que dans certains autres films du cinéaste). Plusieurs scènes mémorables agrémentent toute la longueur de l'oeuvre.
Werner Herzog et Klaus Kinski retournent en Amérique du Sud, quelques années après "Aguirre", pour tourner un autre film relativement similaire puisqu'il est encore question d'un homme prêt à tout pour atteindre un Eldorado, et dont le plan sera contrarié par la présence d'Indiens. "Fitzcarraldo" est un des films les plus fous jamais tournés, une oeuvre radicale, extrême, fascinante, hypnotisante. Le même réalisateur, avec le même acteur principal (Kinski, encore une fois aussi magistral que fou), autour des mêmes thématiques, dans les mêmes régions exotiques, signe deux films proches, deux chefs d'oeuvre qui seraient difficilement finançables aujourd'hui.
Le vrai chef-d'oeuvre de Herzog! L'un des plus grands films d'aventures de la fin du 20e siècle avec Le Convoi de la peur et Le Dernier des Mohicans. Immense Kinski. Immense réalisation. Immense film.
12 159 abonnés
12 157 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 25 avril 2012
C'est peut-être avec "Aguirre, la colère de dieu", le meilleur film de Werner Herzog! Oeuvre unique qui dèbouche sur la folie de "Fitzcarraldo", qui rêve de faire venir chanter le grand Caruso à Iquitos, au coeur de l'Amazonie! Film de la dèmesure qui rèpond à "Aguirre", dans une entreprise grandiose, ou Herzog faillit y laisser sa vie! Difficile de savoir depuis sa sortie en 1982, ce qui reste de ce long-mètrage, aussi connu pour ses dèboires de rèalisation que son rèsultat final! Encore plus difficile d'oublier cet imposant bateau, accrochè à la montagne que la brume enveloppe d'un halo presque divin, tandis qu'au premier plan, l'hallucinant Klaus Kinski, dont la blondeur et le bleu des yeux semblent une provocation à la nature, exprime un sentiment dont on ne sait pas s'il s'agit de dètresse sincère ou de folie furieuse! Un tournage èpique, un scènario hallucinè, un cinèaste tenace, un acteur principal timbrè, "Fitzcarraldo" est un film cannibale qui reste l'une des aventures cinèmatographiques les plus folles de toute l'histoire du cinèma! Une rèfèrence...
Alors Fitzcarraldo fut mon premier Herzog et je le vis récemment. Ce que j'ai beaucoup aimé dans son film c'est son histoire et ses personnages, surtout celui de Kinski bien sûr, qui offre une grande performance, on sent que cet acteur transmet une âme à son personnage. Ce périple au coeur de la jungle amazonienne est bien mis en scène par Herzog, et celui-ci sait instaurer une certaine forme de tension, je pense à la scène où le bateau arrive sur le fleuve, où l'on entend les chants des indigènes au loin et ensuite plus rien... Après je souligne la composition de Popol Vuh, je l'ai trouvé très réussie, en parfait accord avec les images, une composition qui marque et qui est loin d'être superflue. Après on ne peut pas dire que j'ai adoré non plus, disons que j'ai trouvé quelques passages assez dispensables, un rythme assez inégal et surtout que ça devenait vraiment intéressant après une heure de film. La première heure je ne l'ai pas trouvé monotone ni inutile, elle introduit bien les personnages et l'intrigue à venir mais ça s'étire peut-être un peu trop. Donc mon impression globale est très positive, j'ai beaucoup aimé ce film, l'histoire de cet homme qui est prêt à tout, même les choses les plus folles, pour accomplir ces rêves est touchante mais je n'ai pas eu le coup de coeur. Je lui préfère la folie et le côté cauchemardesque d'un Aguirre mais Fitzcarraldo vaut très clairement le coup d'oeil.
Quelques années plus tard, Werner Herzog retrouve son acteur fétiche, Klaus Kinski pour une toute nouvelle aventure à l'épreuve de la profonde et luxuriante jungle Amazonienne. Fitzcarraldo est une oeuvre sans précédent aux contours ingénieux et aux épisodes cauchemardesques pour la production. Jamais dans un film, l'idée de brut n'a jamais aussi bien porter son nom que ce soit dans la gestion des acteurs, à la technique phénoménal (faire passer un bateau sur un relief qui sépare 2 rivières) ou face à la gestion des conditions climatiques extrêmes. Cette oeuvre, tout vraisemblance mise à part, propose un récit plus construit, aboutit et intéressant qu'Aguirre même si on ne peut s'empêcher de ressentir quelques longueurs ou encore une gestion des personnages secondaires douteux. Herzog n'a finalement qu'une obsession et une crainte, Kinski. Il transperce à l'écran à chaque apparition interrogeant le spectateur sur sa folie réelle ou surjouée. Finalement, l'intrigue devient secondaire par rapport à l'attitude du personnage. Oeuvre monumentale, marquante, elle reste une oeuvre à voir pour les cinéphiles. Pour les autres, elle reste un simple film d'aventure en compagnie d'un personnage excentrique. Or, la piste de lecture est beaucoup plus complexe...
C'est un sacré film que ce Fitzcarraldo. Il rappelle bien sur Aguirre la colère des Dieux mais en plus abordable je trouve, car il y a une histoire plus structurée cette fois-ci. C'est toujours un personnage mégalomane, mené tambour battant par K. Kinski, mais avec un but inatteignable certes, mais un but concret tout de même. Il aura néanmoins réussi le défi de faire passer un énorme bateau à vapeur à travers une colline au milieu de la jungle amazonienne mais n'aura pas réussi à gagner son pari de faire fortune avec le caoutchouc. Ceci n'étant pas le but final car l'idée ultime de Fitzcarraldo était de faire venir un opéra en plein milieu de la jungle péruvienne. Il y parviendra néanmoins. .
Fitzcarraldo, quel film fascinant. Tourné sans aucuns trucages, plongé dans la brume, accaparé par la présence électrique de Kinski, porté par l'ambiance musicale hallucinée de Popol Vuh, l'œuvre de Herzog est un vrai film d'aventure, mais plus encore, c'est une œuvre fondamentale.
Dix ans après "Aguirre, la colère de dieu", Werner Herzog retourne tourner au Pérou une autre histoire sur un mégalomane maudit. Le réalisateur va une fois de plus à l'image de ses héros se lancer dans une aventure garguantuesque où il ne cessera de jouer de malchance. Il commenca son film avec Mick Jagger au coeur du Pérou, mais ne pu finir son tournage en raison de conditions météo défavorables. Le contrat de Jagger n'étant pas renouvelable l'année suivante en raison d'une tournée des Rolling Stones, il recommença avec son acteur fétiche Klaus Kinski, et retourna une grande partie de son film. Signalons également que Herzog pour la réalisation du film refusa catégoriquement tout procédé de tromperie en ce qui concerne le bateau en fer (exception faite du franchissement des rapides); c'est donc un véritable bateau à vapeur qui fut hissé au sommet d'une colline pour les besoins du tournage. Kinski fut encore une fois impregnié de son personnage a tel point que les indiens locaux trouvèrent Herzog en lui proposant sérieusement de le tuer.
Bon, cette fois je peux l'affirmer : personne ne fait du cinéma comme Werner Herzog. Personne d'autre ne se serait risqué à retourner dans la jungle après un premier tournage calamiteux, personne d'autre n'aurait choisi d'employer un acteur aussi instable que Klaus Kinski pour un travail aussi éprouvant et surtout, personne d'autre n'aurait RÉELLEMENT tenté de faire passer un bateau au dessus d'une montagne. Et c'est pour ça que Fitzcarraldo est génial. Je pourrais presque refaire ma critique d'Aguirre puisque je retrouve les éléments qui m'avaient plu dans ce film : le côté authentique de chaque plan, la forêt luxuriante, les images prisent sur le vif pendant le tournage et finalement incorporées au montage, etc. Mais deux choses me séduisent beaucoup plus dans Fitzcarraldo. La première est la longue durée du film, qui permet d'étirer le périple du personnage principal et de le transformer en véritable voyage psychologique, où l'ambition démesurée règne. La deuxième est le futur incertain du projet de Fitzcarraldo. Dans Aguirre, on savait dès le départ que les conquistadors poursuivaient une chimère, alors que dans ce film rien ne nous permet d'affirmer que l'entreprise va réussir ou échouer. On ne peut que s'assoir en silence et regarder. Bien entendu, la tâche du héros est titanesque et Herzog utilise différents angles de caméra pour mettre l'homme en perspective avec la taille du bateau, mais aussi de la jungle. Les scènes où les travailleurs construisent l'installation permettant de tracter le bateau deviennent alors saisissantes puisque tous les hommes sont associés à des fourmis par la taille mais aussi par leur manière de s'affairer à leur tâche. Par ailleurs, ces cadrages permettent de rendre les décors imposants, que ce soit la maison de l'exploitant de caoutchouc ou le fleuve et ses rives menaçantes. La nature prend au fur et à mesure une place de plus en plus importante, aussi bien dans l'intrigue qu'à l'écran. Le réalisateur prend plaisir à la filmer sous toutes les coutures et cela se voit, surtout entre les plans faisant la transition entre deux scènes. Ils durent quelques secondes et font office de retour au calme, comme si Herzog invitait le spectateur à se remettre de ses émotions et à profiter du lever de soleil ou du plan nocturne qu'il lui montre. Bien qu'elle se fasse peu entendre, la musique tient une place importante dans cette œuvre. Il s’agit du point de départ du scénario (Fitzcarraldo veut construire un opéra dans la forêt amazonienne), et elle revient régulièrement accompagner les actions importantes, comme un leitmotiv. En outre, elle fait partie intégrante de la fin du film, qui apporte une conclusion étonnante à une œuvre qui ne l'est pas moins. Parmi toutes les moments marquants du film, je pense que ceux qui mettent en scène le couple Kinski/Cardinale sont les meilleurs témoins du génie du réalisateur. Avec quelques sourires, quelques regards, Werner Herzog arrive a rendre évident le profond amour qui les unit. Le personnage de Cardinale a manifestement une grande confiance en son mari et finit par financer son projet, après quelques réticences. C'est ce genre de détails qui m'évoquent un grand film.
Il y a Werner Herzog, il y a Klaus Kinski, il y a l’Amazonie par ailleurs sublimement filmée notamment à Iquitos (Pérou), il y a un gros budget, il y a un mise en scène énorme et de qualité , il y a l’exploit technique du bateau franchissant une colline, il y a l'Opéra, bref du Cinéma avec un grand C, mais il manque l’étincelle, le coup de folie qui a fait de « Aguirre, la colère de Dieu » un chef-d’œuvre inoubliable. Le scénario est assez creux et Klaus Kinski trop présent. C’est trop commercial, et ça sent le réchauffé.