Alors que l’œuvre du petit génie lunetteux commençait à m’être familière, je suis tombé sur Zelig. Et le moins que je puisse dire, c’est que ce film m’a étonné, dérouté même. Sous forme d’un faux documentaire à la crédibilité époustouflante, Zelig nous plonge dans les années 30, à travers les aventures d’un homme-caméléon atteint d’un trouble psychologique profond. Je ne vous en dévoile pas davantage, mais sachez que cet étrange cas créera les acclamations et les polémiques les plus folles, dans la société mouvante de l’entre-deux-guerres. Profondément psychanalyste, ce film évolue entre l’humour loufoque et décalé des premiers Woody, et entre le biopic factice et intellectuel. L’histoire est assez complexe, la voix-off a un débit assez impressionnant et l’ensemble est très cohérent et professionnel. N’étant pas connaisseur en psychanalyse (le grand dada de Woody, pour sûr !), j’ai toutefois pu apprécier à sa juste valeur l’aspect technique du long-métrage (qui est court : 1h10 et des poussières !) : détournements d’archives historiques (Woody près d’Hitler … hilarant !), montage « image-son-vidéo » très travaillé, le tout baignant dans un effet « film ancien » des plus réussis. Chapeau Mr Woody, c’est du très bon boulot ! Ce « faux » film est absolument étrange et osé. Woody s’est fait plaisir en le créant. C’est du travail de passionné, cela se sent. Zelig est une drôle de bête, pas forcément drôle, qui divisera la foule tant elle s’adresse à un public spécifique et réceptif en matière de psychanalyse. J’ai au final moyennement apprécié le film, mais c’est là un avis entièrement subjectif, car force est de constater que Zelig est brillement conçu, bien interprété (Woody et Farrow sont excellents, comme d’habitude) et très riche en informations. 13/20