Une pièce maitresse dans la filmographie de Francis Ford Coppola, une résurrection pour Marlon Brando, acteur alors déchu, une consécration pour Al Pacino, quatre Oscars et un ancrage définitif dans le 7e Art. Adaptation aussi fidèle que raccourcie du roman éponyme de Mario Puzo, Le Parrain est une fresque bouleversante et atypique du monde de la mafia des années 40 avec ses grosses combines, ses assassinats et ses valeurs. Francis Ford Coppola filme avec légèreté et réalisme le quotidien de ces être en apparence abjectes, tuant sur le doute et les valeurs familiales, magouillant et menaçant de toutes parts. Ceci dit, Coppola ne les montre pas comme de véritables gangsters stéréotypés mais plutôt comme une grande famille unie, soudée, humaine, privilégiant finalement la vie à la mort. Peinture éblouissante de la fin du règne d'un père à la succession de son fils le plus sage, de la déchéance à l'ascension, Le Parrain débute par un long prélude, un mariage, l'occasion pour le metteur en scène d'y présenter quasiment tous ses personnages et de placer le ton. S'en suivra des trahisons, des meurtres sanglants, des amadouements vicieux (la fameuse tête de cheval dans le lit) et un portrait de la vie finalement difficile des gangsters du New York de la fin de la Guerre. Outre l'interprétation formidable et mémorable de Marlon Brando dans le rôle-titre, il faut saluer la pléiade d'acteurs l'entourant, d'un monstrueux Al Pacino encore débutant au fantastique Robert Duvall en passant par James Caan, Talia Shire (sœur de Coppola), Diane Keaton et la foule d'acteurs italo-américains appuyant avec précision le réalisme apporté au long-métrage. De plus, la mise en scène impressionnante de Francis Ford Coppola nous ramène sans peine dans les années 40. Fort de ses trois heures complètes, enrichissant un scénario passionnant, Le Parrain nous entraine sans tarder dans une tourmente poignante, un parcours émouvant où même les gangsters ont un cœur. Indispensable.