A en croire la majorité de la critique française, « De rouille et d’os » est à peu près le cinquième chef d’œuvre de Jaques Audiard, ce qui ferait de lui l’égal de Jean Renoir et donc un des plus grands cinéastes de l’histoire du septième art. Une fois de plus, malgré une direction d’acteur superlative, une musique originale pertinente, un visuel très souvent bluffant et un montage très équilibré, le chef d’œuvre n’est pas au rendez vous. Après une mise en place à la fois parfaite et très complète, Audiard nous emmène sur la plage, dans ce qui restera la plus belle scène du film, à la fois très poignante, mais sans les kleenex, d’une tension et d’une densité menées au sommet, tout en gardant un côté incroyablement sensuel et sexy, malgré et à cause de la situation. Point d’orgue d’une succession de réussites comme la scène des yaourts, le drame qui s’abat sur l’héroïne (remarquables plans d’une concision et d’une lisibilité parfaites), le réveil à l’hôpital. Si la suite offrira encore quelques scènes de cette teneur (la scène d’amour, la communion avec l’orque, la glace, l’émotion du primate à l’hôpital et le final, tout en délicatesse), il y a malheureusement les scènes de street fight. Mal filmées (surtout comparées aux cinéma hollywoodien si décrié) elles n’offrent que peu d’impact, et pas d’angoisse ni passion. Ultime descente, l’improbable introduction de la belle comme organisatrice de ce monde est simplement grotesque (dans la nouvelle c’est un homme). Cette partie assez lamentable offre plus que des réserves sur ce soi disant chef d’œuvre, même si le réalisateur nous offre un mélo original, émotionnellement très fort, tout en évitant l’écueil lacrymal.