Un avion qui ramenait des ouvriers depuis une base pétrolière isolée s’écrase au beau milieu de l’Alaska. Les quelques survivants s’organisent péniblement mais doivent faire face aux attaques d’une meute de loups particulièrement féroce. Pas de quoi s’emballer outre mesure à première vue : le réalisateur efficace de Narc et l’Agence tous risques nous emmène au fin fond de l’enfer blanc pour un duel à mort entre une bande de sales bestioles hargneuses et une poignée de gros bras dont la survie va devenir de plus en plus problématique au fil des heures. Et il n’y aura pas de miracle : le réalisateur ne cherchera pas à hisser ce Territoire des loups dans la catégorie des grands films physiques et dérangeants. Ce n’est donc pas Essential Killing, nous sommes bien en présence d’un film d’action à budget moyen vendu avec ce grand acteur qui devient un habitué de l’exercice : Liam Neeson. Un film qui suivra le schéma attendu, avec l'effiacité requise.
Mais dans le ce registre de petit film d’action brutal et efficace, Le Territoire des Loups est une vraie réussite, tout simplement.
Après une introduction noire et dense, et passées les premières images (hyper impressionnantes) du crash, on se demande bien comment Joe Carnahan va pouvoir nous garder près de deux heures dans cette situation sans tirer sur la corde. Et il y parvient la plupart du temps admirablement. Le film assume sa longueur et prend le temps de faire naitre des personnages, tout en tirant parfaitement parti des décors désertiques de l’Alaska. On peut presque sentir ce froid mordant, ce blizzard permanent, ce sang qui coule.
Livrés à eux-mêmes, le groupe de gros bras va évidemment se questionner, se déchirer, lutter, se décourager. Sans éviter ses passages obligés, le film en fait quelque chose, les intègre patiemment à un ensemble qui reste rythmé par le danger et les attaques de la nature, que ce soit ce froid tueur ou ces loups enragés. Le tout est servi par une mise en scène qui rappelle beaucoup Narc : l’image est mobile, proche de ces personnages, avec un grain particulier, presque documentaire. Et quand vient l’action, le mouvement, la peur, on n’est rarement déçu par la maitrise du réalisateur, qu’il s’agisse de descendre d’une falaise ou de repousser une attaque de canidés.
Même les inévitables séquences de découragement, d’abandon et de mort sont bien amenées, alors qu’on pourrait avoir le sentiment de les avoir vue 10 fois. Il faut dire que la troupe d’acteurs emmitouflés sous leurs bonnets font un travail épatant, à commencer par le grand Liam Neeson qui trouve ici un rôle digne de ce talent, et ce n’est pas souvent.
Et puis surtout, Joe Carnahan mérite un grand coup de chapeau pour sa fin. Sans en dire trop, elle est surprenante, osée et parfaitement cohérente avec le reste de son film. On ose pas trop y croire, tant ce face à face assez dingue entre l’homme et l’animal prend aux tripes. Une fin intelligente, prenante, et qui est sans conteste le sommet du film. Ce qui devient plutôt rare dans un film commercial de ce type. Et qui renforce vraiment le sentiment d’avoir vu un action-movie bien au dessus de la moyenne.
.
http://dh84.over-blog.com/