Dans cet énième film d’action et de science-fiction réalisé par James Cameron et second épisode d’Avatar, on retrouve l’univers de Pandora, avec son fabuleux bestiaire et ses paysages cultes, mais encore une fois Cameron nous prouve qu’il ne sait pas faire de suite sans nous refaire le premier en beaucoup plus long, pompeux et moins original.
Le plus beau film que j’ai vu visuellement, c’est juste complètement dingue. Cameron a encore su utiliser son énorme budget pour réaliser quelque chose qu’on a l’impression de pouvoir toucher, tout est ultra détaillé, magnifique, enrichi, splendide, je ne trouve pas d’adjectifs assez fort pour qualifier la beauté de ce film en 3D, Cameron est encore une fois en avance de dix ans sur le cinéma d’un point de vue visuel, à un tel point qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas réussi à faire un visage de Sigourney Weaver ressemblant. Les designs des vaisseaux, des Na’vis et autres créatures de l’eau sont incroyables, à commencer par celui du chef des Na’vis aquatiques. Le film ressemble à un jeu vidéo, vraiment, mais j’ai trouvé que les bateaux faisaient beaucoup playmobil ou lego.
Je craignais le pire pour la BO maintenant que le compositeur de la sublime BO du premier “Avatar”, à savoir James Horner, est mort dans un crash d’avion en 2015. Et mes craintes se sont révélées fondées : Simon Franglen n’a pas réussi à faire mieux qu’une BO à l’aspect documentaire, qui tout en se voulant relaxante, devient horriblement lourde tant elle est omniprésente et forte du début à la fin du film. Rien de mémorable dans cette BO si ce n’est le thème de Pandora dans le premier qu’on nous rebalance n’importe quand, ou alors la très indiscrète réutilisation du “thème du danger”, fameuse signature et leitmotiv de la mort de James Horner, qu’on peut voir ici comme un plagiat honteux du compositeur décédé, ou bien au contraire comme un hommage… La chanson de The Weeknd (“Nothing is lost”) n’est pas mauvaise.
Passons maintenant au scénario, puisque j’ai beaucoup à dire là…
Le premier “Avatar” racontait une histoire classique de colonisation, sur fond d’histoire d’amour, d’écologie, et d’effets spéciaux. Il savait rester simple. Ce second épisode n’avait absolument aucune utilité mais on aurait pu nous trouver autre chose que la même histoire version aquatique, familiale et hormonale.
Bah le scénario n’a aucun intérêt, puisque tout est prétexte pour nous en mettre plein la vue. C’est toujours plus d’action et d’effets spéciaux, c’est too much jusqu’au bout.
Il n’y a pas une seule ligne du scénario ou phrase du dialogue qui ne soit pas du réchauffé mille fois, du kitsch le plus kitsch, du cliché le plus cliché
(“l’important, c’est d’être une famille soudée”, “non tout est ma faute…” “Tu m’as désobéi, tu fais honte à la famille”, “On va s’en sortir, on va tous s’en sortir”, “Ne joue pas à ce petit jeu là avec moi”).
On fait revenir le méchant du premier, pour le fan-service… mais heureusement son retour est plutôt bien justifié et celui-ci a un peu changé : il est maintenant bleu, a de l’humour mais a perdu son peu d'originalité.
On suit seulement une stupide histoire de vengeance pendant 3h30, mais oui ! Le méchant revient faire exploser Pandora juste pour avoir la peau de Jake Sully, mais bien sûr !
Seules les trente minutes de découverte des nouveautés comme la Pandora aquatique étaient divertissantes et intéressantes. L’histoire des tulkuns était vraiment sympa.
Pour ce qui est des personnages, Jake Sully et Neytiri ont perdu de leur poésie, les personnages enfants sont plutôt marrants et attachants, mais restent quand même assez plats. Le petit homme torse nu, fils du méchant, constitue une bonne intrigue à suivre.
Aucune autre émotion que de l’ennui, aucune morale écologique comme promis, seulement quelques réflexions pas bêtes sur la guerre et la paix ou l’adaptation à d’autres milieux, et puis sinon l’insupportable et catastrophique voix narrative de Jake Sully qui lâche des “La voix de l’eau relie toutes choses”, “Un père protège, c’est sa raison d’être” et tout un tas d’autres phrases à la con sans explications et qui n’ont en réalité aucun sens, leur but est juste de nous donner l’illusion que le film a un côté moral.
Des incohérences et répétitions à n’en plus finir, l’intrigue de la fille sans père a intérêt à continuer dans le prochain épisode sinon elle ne servait à rien.
Au bout d’une heure trente de film j’avais la migraine tellement c’est con, chiant et bruyant, mais comme j’étais amoureux des images j’ai quand même regardé cette fin pompeuse interminable dans laquelle Cameron nous fait un mélange de son “Terminator” et de son “Titanic”, mais en version parodique j’ai l’impression. Une fois que le méchant est bien mort d’une manière classique et stupide, on espère que ce truc chiant à mourir qui défile devant nous depuis 3h va enfin s’arrêter mais on a droit à encore vingt minutes de dénouement mièvre, composé de chansons de Neytiri, de flash-back de Jake, de la voix narrative (Mais tais-toi donc ! Laisse nous contempler Pandora en paix !) qui nous répète les grandes citations du film histoire de bien nous montrer qu’il y a une morale à trouver et chaque fois que t’as l’impression que c’est le dernier plan du film, ça repart sur une nouvelle scène inutile. Et même pendant le générique de fin, les images continuent.
VF de qualité et acteurs plutôt bons (mais on s’en fout puisque le numérique fait tout).
Chef d'œuvre visuellement, grosse daube scénaristiquement, ce film reste une horrible déception, doublé d’un navet surcoté, car on ne fait pas un film seulement avec des effets spéciaux ! On aurait espéré que la saga s’arrête là, malheureusement M.Cameron a pris le risque de promettre un troisième, un quatrième et même un cinquième épisode avant même d’avoir retrouvé son talent…