“Cinquante nuances de bleu, ou le cinéma selon James Cameron !"
James Cameron, Steven Spielberg et Denis Villeneuve sont, sans conteste, les derniers des géants du 7e art, les ultimes faiseurs de rêves du grand écran. Comme la planète Pandora du long-métrage qui nous intéresse ici, il ne tient qu'à nous spectateurs de faire des salles obscures un sanctuaire. Dans un monde en pleine mutation, dans lequel les plateformes de streaming, la VOD - bien plus quantitative que qualitative - et le téléchargement permettent une consommation infinie de contenus (séries, films etc), “Avatar : la voie de l’eau”, entre en résistance, tels ses personnages principaux !
Attendue depuis 13 ans, cette suite fleuve - sans jeu de mots aucun - des aventures écolo-guerrières de Jake Sully (Sam Worthington) est une véritable aubaine pour les salles obscures exsangues depuis la crise de la Covid.
Mais l’opportunisme financier ne suffit pas, il faut savoir faire preuve d’audace, d’imagination et de folie et pour cela, James Cameron a toujours été au rendez-vous ! Le bonhomme a fait du chemin depuis “Piranha 2 : les tueurs volants” sorti en 1982. Mais nul besoin de faire l’inventaire de son parcours cinématographique, car avec “Avatar : La voie de l’eau”, Cameron convoque une partie de son cinéma le plus intime. Ainsi, “Abyss” et “Aliens” prêtent leurs illustres références à ce mastodonte de plus de 3 h 00. Depuis que les derniers humains - ceux venant du ciel - ont été chassés de Pandora, il règne sur la planète une paix relative permettant de raccrocher au wagon du premier opus. Le monde des Na’vis se rouvre à nous et l'émerveillement reprend là où nous l’avions laissé en 2009. Plus d’une décennie s’est écoulée et nous retrouvons Jake devenu le “Toruk Makto”, le chef du clan des Omaticaya. Avec Neytiri (Zoe Saldana), sa femme, ils s’occupent de leurs quatre enfants, Neteyam, le fils aîné, Lo’ak son frère, Kiri, leur fille adoptive - issue de l’avatar du Dr Grace Augustine (S.Weaver) - et enfin Tuk, la petite dernière. Spider, un enfant humain n’ayant pu être rapatrié sur terre, fait partie de la famille. Cet idyllique premier acte n'est juste que le calme avant la tempête arrivant en même temps qu’une escadrille de vaisseaux spatiaux. En quelques minutes, une partie de la forêt primaire est carbonisée sous les rétrofusées des engins qui atterrissent. L’élément perturbateur humain est de retour sur Pandora ! Revenus pour extraire une substance mystérieuse tout en colonisant la planète, les militaires et les scientifiques du R.D.A prennent d’assaut les lieux, comme le firent les conquistadors européens sur le continent américain. Le parallèle est sans équivoque. Mais en recentrant le récit, “Avatar 2” est aussi et surtout, une histoire de vengeance. En effet, le colonel Quaritch (Stephen Lang) mort dans l’épisode un - qui avait au préalable, pris soin de sauvegarder sa mémoire et sa personnalité - revient sous les traits d’un Na’vi. Son but ultime est de traquer - en acceptant les us et coutumes des autochtones - et de tuer le caporal Jake Sully (qui fut celui qui l’a trahi) ! Le spectacle se transforme alors en une odyssée meurtrière implacable, lorsqu’ à la tête de la rébellion Na’vi, Jake envoie ses hommes mener la guérilla contre les unités terriennes. Au même instant, Quaritch et son escouade de combattants - ressemblant aux gros bras d’Aliens - investissent la forêt profonde. Dans un maelström de combats rapprochés aux fusils d’assaut, de corps-à-corps aux couteaux et à la hache, de bombardements aériens, d’embuscades terrestres, les chorégraphies guerrières sont légion. La mention spéciale de la valeureuse combattante revient à Neytiri. À la manière de la Walkyrie Sandahl Bergman de “Conan” ou plus récemment Alicia Vikander, la nouvelle “Lara Croft”, celle-ci manie l’arc et les flèches comme un prolongement de sa haine contre les démons, comme elle les surnomme. Après un accrochage sanglant dans lequel Spider est capturé, Jake, Neytiri et leurs enfants n’ont pas d’autres choix que la fuite pour sauvegarder le bien-être des Omaticaya retranchés dans une base secrète. Exilée sur sa propre terre, la famille trouve refuge chez les Metkayina, un clan de pêcheurs. Dès lors, le retour à l’élément aquatique est inévitable et nous voici entraînés dans un monde sous-marin aux pléthoriques richesses. Les pulsations d’Ewya - la terre nourricière - laissent place - dans cette immensité liquide - aux chants des Tulkuns. Ces gigantesques cétacés, qui possèdent deux paires d’yeux, sont les animaux totems du peuple Metkayina. Un bestiaire sans limite nous est alors dévoilé, donnant ainsi la part belle aux créatures qui peuplent les abysses, éloignant du même coup l’être humain de l’équation. Car à l’inverse de l’épisode précédent qui était la genèse de l’histoire, “La voie de l’eau” - dans toute sa beauté naturaliste - s’émancipe peu à peu - de ceux venant du ciel - et par qui le malheur arrive encore et toujours, ouvrant ainsi les portes d’un troisième opus, qui, à n'en point douter, sera tout aussi épique, voire mythologique que celui-ci !