Olivier Assayas et Dan Franck, au scénario, ont dû jongler avec les zones d'ombre de l'histoire pour s'approcher au mieux de la réalité, sans se fourvoyer dans la "mythologie romanesque" de Carlos. Cela semble réussi. En matière de reconstitution d'attentats, Assayas s'arrête à la prise d'otages lors du sommet de l'OPEP, à Vienne. La suite est un itinéraire géographique complexe, où se superposent les stratégies opportunistes du terroriste et les ambitions géopolitiques de divers États (Algérie, Irak, Libye, Syrie, URSS, Soudan...).
D'un réalisme captivant, sur le vif, le film d'Olivier Assayas plonge avec une énergie et une passion communicatives dans une histoire trouble. Le récit n'est pas toujours limpide (à cause des coupes opérées dans le téléfilm d'origine) et ne lève pas le mystère Carlos, mais permet de mieux cerner les contradictions et paradoxes de l'homme : monstre froid et jouisseur, militant dévoué mais égocentrique, "démocrate" et tyran, manipulateur et manipulé, servant des idéologies opposées, cédant à tous les extrémismes politiques... Bref, une personnalité insaisissable, donc un beau personnage de cinéma. Interprété par un acteur, Édgar Ramírez, dont la performance physique est impressionnante.