L’avalanche de compliments concernant l’excellente performance de Edgar Ramirez, et l’aspect palpitant du scénario, occulte le vrai mérite de Olivier Assayas : rappeler les « faits d’armes » d’un terroriste tout en révélant son essence existentielle et la vraie nature du contexte géo politique qui permirent à l’homme et ses comparses de sévir pendant près de 20 ans. Contrairement aux autres réalisateurs qui se sont attaqué à la Bande à Baader, aux Brigades Rouges, ou au Ché, Assayas parvient de manière claire et crédible à démonter les mécanismes permettant la séduction terroriste : l’érotisme suscité par les armes, la jubilation à l’idée et à l’expérience du danger, l’excitation mégalomaniaque causée par le pouvoir de vie ou de mort sur autrui. Mais, ce faisant, Assayas ne racole ni ne joue les voyeurs. Il démonte aussi le terreau idéologique qui permet au terroriste de s’exonérer des scrupules humanistes et des contradictions politiques. Un courant dominant au sein des élites intellectuelles de l’époque et encore très présent aujourd’hui. Un panaché de marxisme, léninisme, Marcusianisme, et de tiers mondialisme, débouchant sur la conviction selon laquelle la lutte contre le capitalisme passerait avant tout, droits de l’homme, procédures démocratiques, etc…. Une idéologie permettant ainsi à Carlos et à d’autres de se dire les fléaux du capitalisme et de n’avoir rien fait pour le combattre aux Usa son pays le plus emblématique. De se dire les ennemis de l’impérialisme mais d’œuvrer pour la Stasi ou dans le camp des Soviétique. Soviétiques dont le régime totalitaire ne se contenta pas d’asservir plusieurs peuples d’Europe, mais poursuivit sans répit ses efforts tentaculaires sur tous les continents n’apportant que des oligarchies réduisant toutes libertés individuelles et n’offrant que fiasco économiques. Un courant de pensée gangrené de Stalinisme élargi qui permit à Carlos et autres révolutionnaires de tuer au nom de la défense pour les peuples opprimés. Mais en réalité d’œuvrer pour des dictateurs aussi féroces que Sadam, Kadafi, Khomeini, Hassan al-Turabi, ou Hafez al-Assad. Des convictions mitée d’arrogance et de tentation totalitaire qui permirent à Carlos hier, et permettent au Hamas ainsi qu’au Hesbollah aujourd’hui, de prétendre lutter contre le Sionisme mais en réalité de donner libre cours à l’antisémitisme et de servir un fascisme Islamo intégriste.