Que voilà donc un "western" déconcertant ! La scène est à la fin de la première moitié du 19ème (ce n'est donc pas l'âge d'or de ce genre de films) en Orégon, aride et monotone, le "Beaver State" qui ne sera rattaché à l'Union qu'en 1859 (et pour trancher plus encore avec les grands et magnifiques espaces auxquels on s'attend le format carré, d'avant le cinémascope, installe une dimension insolite, confinée, étouffante). Trois pauvres familles d'immigrants se sont égarées, loin du convoi principal, sur la foi d'un guide d'occasion, le trappeur Meek, hâbleur et couard, qui les a entraînées sur un pseudo "raccourci", rapidement qui plus est éloigné de tout point d'eau. La rencontre avec un Indien (lui aussi égaré ? En tout cas, seul, ce qui est insolite) va représenter l'ultime espoir pour les naufragés du désert. Film splendide en termes de forme (c'est l'avis général), mais d'un abord difficile assurément : pas d'action - long cheminement de la petite troupe harassée, affamée, assoiffée (bêtes et gens, hommes, femmes - dont une enceinte - et un enfant) jour après jour, sans repères et acharnée à une survie de plus en plus incertaine, un huis-clos à ciel ouvert, raccourci effrayant sur la condition humaine. Avec un scénario sans effets, une mise en scène minimaliste, la réalisatrice (Kelly Reichardt, dont je découvre le travail pour ma part) réalise une oeuvre puissante, servie par un casting sans faute. Austère, mais abordable ! A découvrir : du vrai cinéma, non formaté.