Avec "Insidious", James Wan se place de plus en plus comme le nouveau maître du cinéma d’épouvante. Les premières minutes le confirment, avec une mise en scène empreinte de sobriété, mais des plus efficaces. En effet, l’atmosphère instaurée est inquiétante et captive très rapidement toute l’attention du spectateur. La musique stridente contribue à cette impression d’inquiétude, et nous renvoie vers la B.O. de "L’exorciste", puisqu’elle est du même style. En parlant de style, James Wan montre qu’il sait maîtriser la caméra : lors du générique de début, son nom apparaît sur une sphère couleur pêche, avant que la caméra ne pivote lentement sur elle-même sur un demi-tour, révélant cette sphère comme étant l’abat-jour d’un luminaire, pour ensuite nous emmener par l’intermédiaire d’un plan-séquence dans une sorte de visite d’une maison plongée dans la pénombre. Le frisson est garanti. Et ce frisson va perdurer pendant toute la première partie du film, construite de la même façon que les films d’épouvante à l’ancienne, bien qu’on ne voit pas (ou peu) Dalton errer durant son sommeil, ce qui peut être considéré comme étant regrettable. Ceci n’étant qu’un léger petit bémol de rien du tout vraiment minuscule (bonjour les pléonasmes ! lol !), la première partie est vraiment très réussie : James Wan réussit à captiver le spectateur en multipliant les points de vue.
Exemple : quand Rose Byrne ouvre le placard à la recherche d’un phénomène encore alors non identifié par son personnage Renai, nous la voyons sur un plan large approcher sa main de la poignée, puis nous sommes basculés à l’intérieur du dit placard pour voir la porte s’écarter, comme si quelque chose (ou tout simplement nous, les spectateurs) observait cette mère au bord de la peur panique.
Ce procédé est ingénieux pour pousser le public à vouloir en savoir un peu plus malgré une légère sensation de déjà-vu. Tout est de grande qualité jusqu’à l’arrivée de la personne qui doit régler cet effrayant problème. La sobriété laisse la place à une surenchère de sensationnel, sans doute pour répondre à l’ambition de faire le film "le plus terrifiant qui soit". Sauf que le maigre budget de 1,5 million de dollars semblait bien léger pour réaliser ce vœu. Les effets visuels concernant le démon ne sont pas franchement probants, et tendent carrément vers le grotesque. Le pire est qu’on n’échappe pas aux incohérences lorsque la personne qu’il tient par les chevilles réussit à lui échapper alors qu’il a une force hors du commun. En ce qui concerne le casting, Patrick Wilson est tout simplement parfait dans la peau du père de famille, tout du moins tant que son personnage ne comprend pas ce qu’il se passe. Quant à Rose Byrne, elle est irréprochable en mère de famille effrayée. Quant aux deux fanfarons déguisés en pseudo-Men-in-black, ils sont à la limite de la caricature. En résumé, "Insidious" n’est pas parfait, mais représente une marche supplémentaire de l’inexorable ascension de James Wan vers la popularité et la reconnaissance. Après tout, ce film n’est que le 5ème long métrage du jeune prodige…