Après son compatriote Kim-Jee Woon, c'est au tour de Park-Chan Wook, célèbre réalisateur de la trilogie de la Vengeance, de s'atteler à l'exercice hollywoodien avec ce "Stoker". On connaît la passion de Wook pour tout ce qui lorgne du côté de la violence visuelle et psychologique. Il suffit de voir "Old Boy" ou encore "Lady Vengeance", véritables oeuvres artistiques dans lesquels la violence en question apparaît comme élément indissociable de l'art, de par sa mise en scène, aussi majestueuse qu'une symphonie. Quoi que, pour la première incursion de Park-Chan Wook dans la machine hollywoodienne, inutile de préciser que j'étais un tantinet craintif. Craintif de voir le réalisateur se substituer aux volontés des producteurs. Verdict: si "Stoker" n'est pas le meilleur film du réalisateur, il n'en demeure pas moins un bon suspense empruntant des codes à Hitchcock notamment. Sur un scénario de Wentworth Miller (oui oui, celui qui a joué dans la série "Prison Break"), là aussi on aurait pu craindre le pire, celui d'un scénario médiocre. Toutefois, le bonhomme ne s'en tire pas trop mal et, surtout, Park-Chan Wook subblime son récit grâce à sa réalisation léchée et atypique. "Stoker" aurait pu être un grand film. Hélas, si Wook dirige ses acteurs avec talent, et use d'une mise en scène particulière méticuleuse, on regrette que la part de mystère, atteignant son apogée dès les premières minutes avec l'arrivée de l'étrange oncle Charlie (non, pas celui qui se bourre la gueule et se tape toutes les gonzesses du coin), tombe si rapidement en tension. La conclusion est brouillonne et pas en adéquation avec le caractère du personnage principal, India Stoker, jouée par une épatante Mia Wasikowska qui a bien amélioré son jeu depuis le très décevant "Alice" de Burton. De plus, certains éléments du scénario restent vagues et interviennent comme un cheveu dans la soupe, sans transition. Malgré ces petits défauts, Park-Chan Wook fait de l'excellent travail en nous plongeant dans un monde onirique, dans lequel, à manque d'être crédibles, les personnages se livrent à des joutes psychologiques dans un univers où tout peut arriver. La violence visuelle est moindre que dans les autres films du cinéaste coréen, le suspense étant ici privilégié. "Stoker" est un bon thriller, à l'histoire machiavélique, laissant le spectateur en proie au doute et au mystère. Ouf! Soulagement! Pour son premier film hollywoodien, Park-Chan Wook ne s'est pas foiré.