Parfois il faut peut-être arrêter de prendre les spectateurs pour des imbéciles. « Ouija », énième remake à cinq millions de dollars, est réalisé par Stiles White, qui a eu ses plus grands succès en tant que coordinateur de production (ou celui qui s’assure à ce que l’argent monte bien jusqu’à la banque budgétaire du film), qui parvient à filmer l’actrice principale en train de rire dans une scène qui serait censée contenir une tension palpable, avant qu’elle ne sorte du cadre et entre dans le hors-champ. Alors s’ensuit une « aventure » complètement loufoque, aussi drôle qu’épouvantable, qui provoque le rire plutôt que d’effrayer. Mais est-ce possible de se rater à ce point? White prouve bien que oui, avec sa manière de mettre en scène une suite de plans qui se concentreraient normalement dans le domaine de l’horreur, mais avec une caméra qui tremble et sursaute tellement qu’on n’y voit finalement pas grand chose, avec un enchaînement de « l’action » en aucun cas fluide. Mince, tout ça pour donner un rendu rapide des visages des interprètes ou des figurants transformés en « monstres » (qui n’est en fait qu’un bon effet de maquillage, version bouche cousue, qui sera réutilisé plus tard, car des membres de l’équipe technique n’avaient sûrement plus d’idées (voire de moyens) pour faire trembler d’effroi les spectateurs), mais au final ça n’apporte rien, sauf peut-être une certaine nostalgie du « The Blair Witch Project », avec sa caméra embarquée qui fiche une vraie tension dans l’aventure. Et ne parlons pas de ce casting, avec ces interprètes qui semblent avoir été trouvés dans un casting sauvage, en pleine rue, et qui semblent ne rien trouver d’important ou d'intéressant dans ce tournage. Et ils ont plutôt raison, vu le niveau de médiocrité qu’on atteint qu’en quelques minutes à peine après que le film ait débuté. Seule Lin Shaye donne une véritable gravité à son rôle, même si elle sur-joue un peu trop dès que l'on voit la fin pointer le bout de son nez. Mais comment ne pas faire le contraire dès qu’on voit avec aussi peu de sérieux le réalisateur met en scène son projet? Et bien-sûr, on a aussi droit à une quantité de situations très drôles, qui ne devaient au début pas l’être, comme ce petit copain de Sarah Morris (alias Ana Coto) : soeur maintenant devenue typique des films d’épouvante américains à petit budget, puis des comédies, avec cet air désabusé complètement sur-joué et habillée en « gothique » digne des pires comédies musicales des années 70. Ce même petit copain qui s’enfuit en trombe comme pour dire : « désolé nous n’avions plus assez de budget pour payer un honnête acteur, donc on a dû teinter une vitre pour éviter que le spectateur se rende compte que c’est un technicien, voire le réalisateur, qui conduit sa propre voiture ». Même chose pour le père des deux soeurs Morris (la Laine interprétée par une Olivia Cooke en chute libre) qui s’enfuirait presque lui-aussi de sa propre maison alors que la meilleure amie de cette dernière s’est suicidée dans la journée. Enfin on sent tellement que ce n’est pas travaillé, tant que pour le scénario avec ses incohérences que presque pour tout le côté technique (heureusement, pour les prises de son, ça reste correct), alors le spectateur finit par y perdre tout intérêt et tombe vite dans la lassitude car certains effets, voire certaines scènes, se répètent encore et toujours. On ne peut pas tomber plus bas, car sinon on entre dans ce qu’est et représente la série Z : le nanar. Donc les catacombes, ces mêmes catacombes qui ont au moins le mérite de faire rire. Même si c’est par imprudence, cela reste à souligner.