Les Soeurs de Gion : les secrets du tournage

Les soeurs de Gion est l'un des tous premiers films produit par la jeune maison de production Daiichi Eiga, fondée en 1935 à Kyoto par le cinéaste Kenji Mizoguchi et celui qui deviendra son plus fidèle collaborateur : le scénariste Yoshikata Yoda. Un choix de la part du cinéaste qui n'est pas neutre : il se trouvait auparavant sous contrat avec une autre société, la puissante Nikkatsu, puis au sein de la Shinko Kinema, pour laquelle il réalisa quatre films en deux ans. Ces années marquent aussi un tournant sur le plan politique au Japon. En 1932, les militaires prennent le pouvoir, marquant ainsi un virage à droite pour le pays. C'est aussi l'année de la conquête de la Mandchourie. En 1933, le Japon se retire de la Société des Nations. Durant cette époque, le cinéma nippon cesse d'être artisanal, et la chaîne production-distribution-exploitation s'inverse, donnant un rôle prépondérant à des hommes d'affaires sans lien avec le cinéma. Ce renversement, qui limite la liberté des réalisateurs, explique la fondation de la Daiichi Eiga.

Le film appartient à un sous-genre bien particulier, propre à l'industrie cinématographique japonaise : le "Gendai geki", qui met souvent en scène des histoires d'amours impossibles entre des prostituées et leurs protecteurs.

Dans l'oeuvre prolifique du cinéaste Japonais Kenji Mizoguchi (près de cent films à son actif), Les soeurs de Gion est considéré par beaucoup de cinéphiles comme l'une des meilleures du maître, et l'une des oeuvres les plus maîtrisées du cinéma d'avant-guerre. Le film marque aussi sa seconde collaboration avec son scénariste fétiche, Yoshikata Yoda, après L'Elégie de Naniwa.