Une musique légendaire, à notre humble avis la plus puissante d'Ennio Morricone (elle nous met le frisson tout le film durant), qui sublime Le Bon, la Brute et le Truand, un bon western de Sergio Leone servi par son trio d'acteurs, et qui forme le troisième volet de la saga dont le héros est l'Homme sans nom (après Pour une poignée de dollars, et Pour quelques dollars de plus), étant chronologiquement le premier (le héros obtient le mythique poncho qu'il gardera dans les deux autres films). On l'avoue tout de même, contrairement à l'avis général - que l'on respecte tout à fait - on lui a préféré Il était une fois dans l'Ouest. Avant de commencer, on vous conseille d'emblée la version longue du film (2h50 contre 2h40 en version "courte"), car ces dix petites minutes qui n'ont l'air de rien cachent quelques belles scènes, notamment celles où l'on prend en pitié le capitaine Yankee qui se sait voué au massacre pour une broutille (un pont en bois, dans l'immensité de la Guerre de Sécession, dont il sait que ce fétu de paille lui vaudra quelques balles adverses) et se met à boire en prévision du grand final. Une belle scène, très raccourcie dans la version courte (l'originale française des années 60), et qui n'en a pas toute la puissance, ce qui justifie en soit de craquer pour les dix minutes de rab (où l'on pourra aussi admirer un bain de pieds du Truand, un peu plus dispensable, tout de même). Nous voilà donc embarqués dans la course aux 200 000 dollars (oui, la même somme que dans Pour une poignée de dollars) volés par des soldats déserteurs de La Guerre de Sécession, et après lesquels cavalent Le Bon "Blondin" (Clint Eastwood), La Brute (Lee Van Cleef) et Le Truand (Eli Wallach). Les trois compères qui ne rechigneraient pas à s'envoyer quelques balles au travers des chapeaux doivent pourtant se supporter, car l'un connaît le nom du cimetière où est caché le magot, l'autre le nom de la tombe, et le dernier ne recule devant aucune ruse pour "finir le travail". Les mésaventures qui s'enchaînent tiennent amplement les 2h50 sans ennui (entre une arnaque au pendu qui nous amuse, un passage par les deux camps gris et bleu des soldats, une traversée du désert, des duels sous le soleil...). Ce que l'on a moins aimé dans ce grand film, c'est son côté "bavard", contrairement à Il était une fois dans l'Ouest qui est un vrai taiseux. Non pas qu'il y ait beaucoup de dialogues, mais on n'a moins retrouvé la puissance de la mise en scène silencieuse dont Leone est un maître (sans trop rougir de ses scènes, néanmoins !), on a trouvé de très nombreux dialogues "de trop" (les "le monde se divise en deux..." du Truand qui sont vite répétitifs et dont l'humour poussif lasse vite, les phrases toutes faites du Bon dont la seule dégaine bien virile et cigare au bec nous faisait surtout penser à un cliché du cowboy macho) et avec des scènes qui veulent en faire trop, au point que l'on rigole un peu devant l'écran (les pistolets qui tirent sous l'eau, le bon qui tire à 200 mètres avec une pétoire et qui touche une cordelette, les explosifs auxquels on met des longues mèches qui les relient - "pourquoi faire ? vu qu'ils vont déjà tous exploser avec la détonation de l'explosif d'à côté..." - et qui trempent dans l'eau sans que cela ne choque les personnages...). On ne s'embête pas avec la vraisemblance, on a un peu forcé sur l'humour et les gars virils, clairement on aurait adoré ranger cet opus aux côtés de nos films cultes favoris, mais on se contentera d'en reconnaître la belle qualité, l'interprétation inspirée et surtout une magnifique musique d'Ennio Morricone. D'ailleurs, si vous aussi vous êtes mordus de ce thème musical, vous aimerez peut-être savoir que les premières notes (les "suppliques" aigues) sont une imitation du cri de la chouette, et que les apertures ("Aaaah") sont celles des cris des coyotes. L'ambiance est instantanément plantée, et les aventures prenantes de ce trio improbable peut commencer. Aaaah, wa wa waaaaa...