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Pourvu ici d’une base solide, en plus du drama classique, c’est surtout vers le drame sportif que se dirige le film. Il y a bien sûr les points inhérents au genre, avec ses rebondissements, ses drames, ses accomplissements sportifs et humains, toute une composante du genre qui est ici réunit.
Or, même avec tous ces éléments, il aurait été possible de passer à côté.
Conscient des forces qui composent son histoire, une année 1976 exceptionnelle de rebondissements sur le terrain de la Formule 1 et deux héros que tout oppose, un qui vie comme-ci chaque jour était le dernier, l’autre, dont la rationalité est un mode de vie.
Si bien que cette opposition ne demandait qu’à être mise en scène au cinéma.
Pour cela Ron Howard a réussi en toute simplicité son biopic. La mise en scène des courses est dynamique, se recentre toujours sur l’essentiel de l’action, beaucoup de plans de coupe, au plus proche des moteurs par exemple, incrustations sur écran tv de scènes d’époque. Nous sommes par exemple loin de la démonstration et de la surenchère de Driven. Autant sur le plan visuel que sonore, l’immersion se fait par un découpage très maîtrisé. A cela s’ajoute une photographie et des couleurs qui rappellent furieusement les années 70. Pour les accents « dramatiques » du film, Ron Howard n’a pas forcé sur les clichés qui composaient ses films passés. Plus direct, loin de la guimauve tragique, il recentre l’émotion de son film sur l’opposition de ses deux « héros », opposition qui dépasse la fiction puisque cet élan dramatique est le réel reflet de leur affrontement. Histoire d’hommes, composée également d’un profond respect.
Au travers cette réussite visuelle où chaque instant tant à être sublimé, il convient également de saluer le scénario qui dans sa structure capte parfaitement et sème judicieusement les enjeux dramatiques du film. Ce qui marque le plus, c’est le fait qu’il retranscrit avec fidélité les instants véridiques, les comédiens, à ce titre, sont d’une ressemblance étonnante. Il aurait été cependant facile de passer à côté ou même surenchérir les nombreux faits réels dans le film. Or, on reste toujours entre un respect des faits et une mise en abime très cinématographique. Aidé par le fait que la Formule 1 à l’époque était dans son âge d’or, où les pilotes étaient sacrés, tels des stars, et mettaient vraiment leur vie en jeu, Rush prend alors de vrais accents dramatiques et immersifs, puisque quasi relatés tels quels.
C’est bien la réussite du film, nous faire passer de scènes d’actions composés d’instants furieux à épiques, sur un fil conducteur dramatique qu’on ne pouvait imaginer plus cinématographique.
Si dans sa structure et son approche Rush ne bouleverse pas les codes du drame sportif il se les réapproprie avec talent par un Ron Howard en grande forme, qu’on sent impliqué dans les grandes largeurs par son sujet. En résulte un film très efficace, un drame sportif parmi les plus beaux réalisés et ce par l’opposition et la complémentarité primaire des caractères de ses deux personnages principaux. C’est avec ce mélange hautement inflammable que Rush trouve la ressource pour arriver sur le podium des films sportifs les plus réussit et Ron Howard son premier prix, mérité cette fois.