La Chasse nous met dans la peau d’un homme traqué par ses amis, ses voisins, ses collègues. La Chasse est ce genre de Film qui avance sans laisser son mot à dire au spectateur, ce genre de film qui vous prend aux tripes et ne vous lâche qu’à l’arrivée du générique de fin. En nous montrant la violence d’une communauté contre un homme innocent, Vinterberg a fait un pari risqué, celui de placer le spectateur comme voyeur et non comme acteur, mais ce qui dérangeait dans le tout récent Despues De Lucia, l’incapacité à agir, l’horreur de notre position de spectateur est ici transformé par l’identification au personnage, Vinterberg est parvenu à nous faire rentrer dans la peau de son personnage, tout comme on était entré dans celle de Christian dans son magistral Festen.
La chasse énerve, tout au long du film on enrage de ne pouvoir dire la vérité au peuple aveugle. Cette frustration est l’essence du film elle nous amène à un tel degré de tension que l’on prend les coups que reçoit Lucas et on les rend pour lui. On perçoit ici le coté pervers du film, le seul moment de détente que nous laisse le réalisateur étant celui ou le héro envoie un « coup de boule » à un détestable boucher : le film parvient à nous faire aimer la violence. Le manque flagrant de demis tons du film type « seul contre tous » est à la fois la force du film, dans la première demi heure on a toutes les cartes en main, on connaît la vérité mais la tension reste a son comble, et son incapacité à séduire le spectateur. Toutefois, certaines scènes, faites à la fois de pureté et de violence, brisent cela, on pense à la messe de noël, point culminant du film et à la performance de Mads Mikkelsen, magistral.
Avec La Chasse, Vinterberg signe un film inattendu, à la fois une antithèse et un miroir de son chef d’œuvre Festen. Aussi bien sur la forme que sur le fond, Thomas Vinterberg parvient à s’émanciper du Dogme, qui avait en grande partie fait la force de Festen, et propose une image simple et significative, s’autorisant de magnifiques « tableaux », clairsemé de références à son dogme avec des plans éclairés au briquet ou avec un simple spot sur la caméra. De manière plus évidente, le fond est opposé à Festen, le regard a changé mais le thème reste le même, la pédophilie avant tout mais aussi l’explosion des familles et une analyse de la culture Danoise.
La chasse n’est donc pas immense comme l’était Festen, mais par une mise en scène sobre et brillante nous prend aux tripes et marque peut être le renouveau du cinéma de Vinterberg.
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