Drame réalisé par Thomas Vinterberg, La Chasse est un film au sujet aussi délicat que lourd, traité de façon pas vraiment convaincant. L'histoire nous fait suivre Lucas, auxiliaire de jardin d'enfants, qui va se voir accusé de pédophilie. Son entourage va alors petit à petit le lâcher et l'homme va vivre une véritable descente aux enfers. Malheureusement, si le sujet de fond est important, son application est beaucoup plus discutable pendant ces près de deux heures qui se font ressentir. La faute à un scénario manichéen et cliché, amené de façon peu subtil. En effet, Lucas est une proie facile mais ce qui choque le plus c'est son absence de défense et de réaction face à cette accusation gravissime. Il est d'une passivité peu réaliste. De plus, partir du principe que les enfants ne mentent jamais est très limité, d'autant plus quand on nous dit que la présumée victime est du genre à avoir beaucoup d'imagination. Donc construire tout son argumentaire sur cette simple accusation n'est pas très pertinent, surtout que ces aveux sont reniés à plusieurs reprises par la suite. Ainsi, voir une réputation et une vie détruite sans aucun fondement ne parait pas très réelle. Cependant, certaines scènes et certains éléments sont tout de même intéressants, notamment le traitement de cette amitié brisée par le doute. Avec une telle thématique, forcément le ton est austère et pesant. À la distribution, on retrouve Mads Mikkelsen, entouré par d'autres noms moins connus mais franchement appréciables comme Thomas Bo Larsen ou encore la petite Annika Wedderkopp qui joue une petite fille ambivalente. Tous ces rôles nous offrent des échanges remplis d'émotions et plutôt réussis dans l'ensemble, même si quelques réactions son parfois douteuses. L'ensemble est réalisé de façon assez naturelle afin d'être proche des protagonistes. Un visuel peu marquant, accompagné par une b.o. aux compositions agréables et dans le ton, bien qu'assez discrètes. Reste une dernière partie comprenant une ellipse peu judicieuse, avant de s'achever sur une fin un peu frustrante car elle laisse dans l’expectative, même si elle colle au message. Au final, La Chasse tombe dans la facilité à de trop nombreuses reprises à travers son récit, ce qui en fait un long-métrage convenable, mais pas indispensable.