Chef-d'oeuvre du film d'horreur, «Les Yeux sans Visage» dépasse largement le genre tant il s'avère d'une richesse remarquable, aussi bien formellement que thématiquement. S'il a quelque peu vieilli et bien qu'il ne révolutionne pas grand chose, ce long métrage vaut largement le détour, fascinant du début à la fin par son atmosphère et les enjeux mis en évidence. La beauté, la vie éternelle, le corps, le visage, la paternité, la science, la médecine,... Comme le chef-d'oeuvre de Teshigahara «Le Visage d'un Autre», certes dans une moindre mesure, «Les Yeux sans Visage» pose beaucoup de questions. Mais cette réflexion ne prend jamais le pas sur l'intrigue et ses personnages tout droit sortis d'un conte macabre : le savant fou, sa fidèle assistante, son monstre de fille, l'amant de cette jeune femme défigurée... La situation est donc archétypique, c'est là le propre des contes. Et le long métrage de Franju en est assurément un, aussi troublant qu'il puisse être. La dimension horrifique y est pour beaucoup, mais elle pousse justement à aller au-delà des apparences, aussi bien pour les protagonistes que pour le spectateur. Il faut dire que la mise en scène de Franju, sous influence expressionniste, participe elle aussi grandement de l'ambiance onirique du film. Véritable cauchemar éveillé, qui s'achèvera avec grâce lors d'une séquence d'une grande beauté. A voir sans hésiter! [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/