Le crétinisme traditionnel visant à traduire un titre italien en français avec de l’anglais n’est pas parvenu à gâcher mon plaisir devant ce véritable, touchant et renversant bijou.
D’abord par la maestria d’entrée en scène d’un commissaire-priseur sexagénaire redoutablement compétent, profondément solitaire, rigide, austère, perclus de maniaqueries méticuleuses extra-classieuses, expert en œuvres d’art, despotique comme toute vedette aristocrate internationale auprès des richissimes acheteurs, subtilement malhonnête, doté d’une collection personnelle hallucinante, et toujours puceau étant donnée sa terreur phobique et sa fascination en même temps pour les femmes. Bref, un type super-vulnérable s’il se laissait emporter hors de ses habitudes, par exemple en étant attiré, tant professionnellement qu’intimement, par une jeune et belle vendeuse d’héritage, à ses yeux véritable œuvre d‘art vivante, si proche de lui par son allergie aux gens, du fait de son agoraphobie aiguë.
Sous cette intrigue italienne brillamment valsée par les excellents Geoffrey Rush, Sylvia Hoeks, Donald Sutherland et Jim Sturgess, éclot en substance une merveilleuse et thérapeutique histoire d’amour entre deux solitudes pathologiques, pleine de délicatesse, de folie et de pudeur, qui suffirait à nous offrir une étonnante romance. Evidemment ceux qui ont vu le film savent que je ne peux pas aller plus loin dans le cœur de cet excellent vaudeville à la fois poétique, pensé jusque dans la symbolique artistique du swing final, dramatique comme un hymne à la solitude dépouillée, et chahuté jusqu’au bout par ses retournements.