Première suite depuis des lustres parmi les animations Disney, il est très évident que l’attente est palpable, sachant que l’ouverture qu’elle propose regorge de possibilités infinies. Rich Moore, après avoir lancé un premier volet plutôt séduisant et nous avoir suggéré un univers parallèle zootopique, il revient avec Phil Johnston afin de moderniser leur propos. Or, il existait un risque dans cette aventure qui se révèle confuse, car évoquer l’industrie et les outils du quotidien peut bluffer côté innovation, mais cela ne raconte rien de plus qu’un clin d’œil sans privilège. Bien évidemment, un certain fil conducteur nous guide et nous préserve de certains écarts vis-à-vis du fan-service, mais l’inévitable arrive tout de même, dès lors que l’exposition du nouvel univers et du questionnement d’une amitié mature traînent en longueur. L’autodérision peut être un argument convaincant pour l’humour et le divertissement, mais peut-on vraiment en parler lorsqu’il s’agit du point de vue de Disney ?
Internet est un univers riche en code et en interaction. Le récit souhaite tout regrouper en un unique espace aux frontières infinies afin de promouvoir certaines enseignes, acte obligatoire pour rester crédible. Et le film n’hésite pas à être frontal et nous donne les véritables noms qui saturent dorénavant la toile, par leurs caractéristiques rapidement identifiables. Nous avons donc droit à une courte contextualisation afin de nous projeter dans la modernité de l’outil technologique d’aujourd’hui. Omniprésent dans nos vies, le réseau ne cesse de s’agrandir et s’adapter à la demande des surconsommateurs. On ne nous prive donc pas de blaguer sur les tendances peu lucratives ou peu pertinentes de ces derniers, ce qui est pourtant le reflet du cyber-occidental en ligne. Souvent pressé et insouciant, il mesure son temps à la louche tout en laissant des multinationales surfer sur leur engagement. Très intelligent par moments, l’univers d’Internet est plutôt bien amené, bien que le ton donné par notre duo fétiche Ralph et Vanellope ne soit pas toujours raccord et c’est ce qui séduira certains petits comme certains grands. Le défi est donc de mettre à jour ce codage complexe afin d’en faire une pseudo-satire, car ces deux personnages sont comme la plupart qui ont découvert la merveille pour la première fois, ou bien comme les provinciaux qui entrent dans une grande ville. Ils sont insouciants et foncent dans les premiers pièges tendus, malgré le brin d’humanisme qui se dégage de leur complicité.
Le buzz est au cœur d’une problématique qui ne fait pas le bonheur de tous, nous l’avons bien compris. Le film s’adresse donc à un public averti, mais qui manque de maturité dans les intentions. On flirte souvent avec la limite sans pour autant assumer l’envers du décor. Le film est tout comme nous, utilisateur d’un outil qui dépasse l’entendement lorsqu’il s’agit de mettre en avant l’individu derrière une console. Une part de respect est mise au goût du jour, mais le reste se détache du fil rouge, là où Ralph aura son mot à dire. Ce sera donc en expiant ses craintes qu’il parviendra à grandir comme un homme, fort dans le cœur, saint dans l’esprit. Malheureusement, ce développement n’arrive que tardivement et ne panse pas tout ce temps, envolé sur la toile.
« Ralph 2.0 » génère ainsi une émotion artificielle, à défaut d’être complètement virtuelle. Il revient aux décors de se prononcer dans une schizophrénie visuelle, dont on se serait bien passé, une fois l’introduction achevée. Mais l’ingéniosité s’égare souvent dans le désir ou la nécessité de faire de l’auto-promotion. Pourtant, la mise en scène intriguait et la structure d’Internet ne souffrait pas de tant d’incohérences pour qu’on en boude le plaisir de parodier des généralités. Et peut-être que le film ne vit pas dans la bonne époque, car il se cantonne à des clichés qui n’osent pas le recul et fonce tête baissée dans une course effrénée contre la montre et contre les apparitions qui font sourire, au détriment de faire avancer l’intrigue.