(...) Je pourrais sans peine me la jouer cynique sur ce film qui décline parfois sans aucun état d'âme les pire clichés du genre, en faire des tonnes sur les effets too much ou bien railler son ton parfois trop sentencieux mais ça ne serait pas rendre justice à très beau drame. Pourtant, on peut trouver la démarche assez cynique en apparence puisque le réalisateur fait très attention à bien doser ses effets, à bien éviter de tomber dans le pathos dégoulinant tandis que sa construction narrative pourrait aussi être un simple décorum visant à draguer le critique bobo en mal d'originalité. Oui, mais voilà, Felix van Groeningen est aussi un très bon réalisateur. Visuellement, il est capable de produire quelques plans d'une beauté formelle et sensitive assez renversante. D'autre part, il sait parfaitement créer une ambiance propice à servir son propos, sachant toucher juste malgré son utilisation parfois assez lourde ou évidente des codes éculés. On a beau savoir qu'on est devant un drame et qu'on va pleurer, ça n'empêche pas d'être cueillit à froid par une séquence admirablement découpée. C'est ainsi que j'ai versé ma petite larme au milieu du film, avec une séquence assez poignante, qui est à la fois économe en effets, presque pudique mais qui déploie aussi l'artillerie lourde pour son final. Le réalisateur flamand est également un magnifique directeur d'acteurs, qui a donc choisit de reprendre l'acteur (et l'auteur) de la pièce dont il est l'adaptation. Une adaptation purement cinématographique donc puisqu'il opère avec une narration déstructurée, multipliant les lieux et affinant le caractère de ses personnages. La vraie révélation du film est donc l'actrice principale, Veerle Baetens, qui signe une prestation assez inoubliable dans la peau de cette écorchée vive. D'habitude, j'ai beaucoup de mal à apprécier ce genre de rôle mais là, je dois dire que j'ai été bluffé. L'écriture développe assez ses personnages et nous ménage surtout quelques beaux moments de grâce, permettant ainsi de vraiment nous attacher à ses derniers et de comprendre un peu plus leurs motivations. Quand à Johan Heldenberg, qui joue Didier donc, il est impressionnant de par son physique mais aussi par son incroyable charisme et une grande puissance de jeu. La narration du film n'est pas seulement un simple gadget mais elle permet aussi de mettre en relief certaines séquences du film, parfois en se répondant directement et d'autres fois de manière plus tardive. Une des répliques les plus fortes du film, c'est lors de la séquence du mariage, qui intervient assez tard dans le film et qui contient cette phrase connue de tous : "Jusqu'à ce que la mort nous sépare", ce qui prend une toute autre signification au vu de ce qui a précédé (enfin, dans la narration du film, pas dans un espace temps plus linéaire). C'est un vrai brio au niveau de l'écriture et le montage acéré du film lui assure un bon rythme, évitant l'ennui et la redite. (...) La critique complète à lire ici