Avis sur Double destinée

Sublime mélodrame que ce destin tragique vécu par cette femme qui semble avoir agi sur une pulsion et qui va voir autour d'elle le monde se briser.
On ne comprend pas au début ce mot de double mais on est vite confronté à la douleur de cette femme qui doit renoncer à l'amour pour ne rien trouver en échange qu'amertume et solitude.
C'est superbe.

Un film noir mexicain aux accents Hollywoodiens, servi par une mise en scène soignée (notamment au niveau des cadrages et des jeux d’ombres et lumières), et une intrigue tortueuse et prenante sur fond d’usurpation d’identité (même si la fin est un peu expédiée), et porté par l’excellente Dolores del Río dans un double rôle. 3,25

Un film magnifique très bien joué une belle économie de moyens une tension permanente toute en subtilité avec un cadrage fabuleux. Une musique omniprésente et une très belle photographie au service d'un scénario orenant

María, une employée sans le sou, assassine sa sœur jumelle, Magdalena, une riche bourgeoise récemment devenue veuve, pour prendre sa place et profiter ainsi de l’immense fortune dont elle vient d’hériter. Mais son meurtre hante la nouvelle vie qu’elle tente de mener.

Double destinée est une réalisation du célèbre Mexicain Roberto Gavaldón. Il a écrit le scénario avec Rian James. Une rétrospective proposée par Les Films du Camélia nous permet de revoir plusieurs de ses films avec La Déesse Agenouillée, Mains Criminelles, la Nuit Avancé et Jours d’Automne.

Très belle surprise que ce film Mexicain des années 40.



Je ne suis absolument pas familier du cinéma Mexicain de ces années-là. Je dois dire qu’il se dégage un vrai style. Cela n’a rien à voir avec les productions d’aujourd’hui. Ça fait du bien de varier, et même sans parler des nombreuses qualités de Double destinée, rien que pour le changement et la culture, cela vaut la peine d’être vue.

J’aime beaucoup l’ambiance proposée. Le réalisateur met clairement sa pâte. La musique est omniprésente et cela rajoute une certaine dynamique. Elle nous guide dans le récit. Même la façon de filmer est très agréable. Cela va permettre de découvrir le Mexique bourgeois des années 40. Nous sommes loin des images qu’on peut voir de Mexico dans les reportages tapageurs ou les films comme Sicario. Là nous sommes dans un environnement très occidentalisé. Entre les habits ou les décors, nous pourrions avoir l’impression d’être devant un film français à ce niveau-là.

Concernant l’histoire, elle est très prenante. J’ai aimé ce jeu avec ces deux jumelles que tout oppose. Comme son titre l’indique, elles ne vont pas prendre le même chemin et c’est de là que va être la discorde. La jalousie va faire tourner cette relation de façon funeste. La tension est constante avec ce fameux secret. Est-ce qu’il va être découvert ? Est-ce que la culpabilité va être trop forte ? J’adore les cordes utilisées pour nous faire tenir en haleine.

Surtout que les deux sœurs Maria et Magdalena sont bien construites. C’est attrayant de voir ce parallèle. L’actrice Dolores del Río est impeccable pour interpréter ses deux rôles. Une performance remarquable qui permet de donner un autre ton au film. J’ai aussi aimé l’apport des personnages secondaires venant sans cesse relancer l’intérêt de l’intrigue.

Roberto Gavaldon a ete redécouvert à l'occasion du festival de San Sébastian en 2019 puis lors du festival de La Rochelle en 2020. Fleuron de l'age d'or du cinéma mexicain des années 50, sa filmographie est contemporaine de la période mexicaine de Luis Bunuel. La ressortie en salles de cinq de ses films ( double destinée, "la otra" en espagnol : "l'autre" est l'un d'entre eux) permet d'apprécier les qualités majeures de cinéaste, de ce réalisateur formé à Hollywood sur les plateaux de tournage dirigés par Jack Conway. Autant le dire dès à présent, si tous les cinq films proposés dans cette ressortie en salles sont de très bonne facture, " double destinée " est un véritable chef d'oeuvre de l'art cinématographique. Deux jumelles , dont l'une a fait un mariage intéressé avec un homme fortuné, n'entretiennent pas de bonnes relations. Lorsque la veuve hérite, le ressentiment de la sœur de condition modeste, ne cesse de croître, animé par les marques de mépris que lui démontre sa sœur fortunée. Elle décide de la tuer, de faire croire à son propre suicide et de prendre sa place, la ressemblance entre les deux sœurs étant de nature à les confondre. Tout se passe comme prévu avant qu'elle ne découvre que la vie de sa sœur était loin d'être limpide. Elle se trouve ainsi plongée malgré elle dans un imbroglio périlleux et vénéneux. Le thème du changement d'identité, de la vie meilleure qu'on voie chez les autres et qui conduisent un individu à vouloir changer le cours de son existence à été abordé au cinéma. Je pense notamment à "profession reporter" d'Antonioni pour n'en citer qu'un, très célèbre et excellent. La fameuse et magnifique Dolores del Rio, tient ici le rôle principal et porte le film sur ses épaules. Actrice star de la période du cinéma muet , elle fit aussi une petite carrière à Hollywood lors du parlant. Lors du tournage de "la otra" qui date de 1946, elle est sur la fin de son parcours professionnel.
De retour au Mexique et elle tournera cinq films avec Galardon
( celui ci est le premier de cette poignée). La photographie signée Alex Philips est superbe. On espère que la ressortie de ces cinq films, permettra la distribution d'autres opus de ce réalisateur. Les aficionados du cinéma du patrimoine ne manqueront surtout ce film particulièrement excellent.

Un film noir de chez noir, a la photographie époustouflante, une actrice qui crève littéralement l'écran de sa beauté et de son double rôle. une histoire noire mélodramatique à souhait aux twists savoureux, du grand cinéma.

Un film sombre, tendu, prudemment parsemé de clins d'œil sarcastiques sur les fatalités et les misères humaines ; des comédiennes/comédiens de haut niveau.