Il y a comme un parfum d'abouti après le dernier plan de cet American Beauty. Oui, c'est un film intelligent, structuré, pensé de bout en bout, affiné, qui semble corrigé et retouché; la perfection semble avoir été dans les plans de Sam Mendes. Et bien lui en a pris.
American Beauty, c'est l'histoire d'un père de famille qui, lassé de l'hypocrisie ambiante de son métier, de sa vie conjugale, de sa vie de père même, décide de tout chambouler et de, ô sacrilège, faire ce qu'il veut. Certains l'appelleront "crise de la cinquantaine" d'autres "seconde jeunesse". American Beauty est également là pour montrer que cet état d'esprit n'a rien d'une crise passagère qu'il faut laisser passer et qui touche tous les adultes frustrés. Tous les personnages se lancent dans une fuite en avant, en dehors des carcans de la vie banlieusarde américaine, démantelant l'American Dream.
Le film s'ouvre sur une suggestion de meurtre, puis sur la voix de feu Lester Burnham qui s'apprête à nous raconter comment il mourra dans un an. Débute alors une série de fausses pistes égrenées ça et là par le scénariste. Le film nous surprend constamment, et fait de son imprévisibilité l'une de ses grandes forces. En plus de cet aspect polar, Sam Mendes s'attache à faire passer, avec une certaine virtuosité narrative et cinématographique, son propos sur l'universalité de la beauté. Fantasmée (c'est elle qui va constituer le déclic chez Lester quand il craque pour l'amie de sa fille) ou vécue( chez Ricky Fitts-Wes Bentley, effrayant de froideur), la beauté est omniprésente dans son film.
Qui plus est, ce long-métrage réussit une petite prouesse: approfondir une belle palette de personnages. Pas moins de 8 personnages verront leurs 8 histoires respectives scrutées par le spectateur.
Une formidable fresque narrative, magnifiée par un scénario et surtout un montage remarquables: American Beauty mérite toutes les récompenses obtenues. Pourquoi pas plus, me direz-vous? Peut-être est-ce simplement un déficit d'émotions. American Beauty fascine, éblouit, brille. Mais ne touche pas.