Le jeune cinéaste, Michael Noer, s’inspire sans s’en cacher de l’œuvre, en trois parties, de Nicholas Winding Refn. Oui, Northwest est en quelque sorte un pendant de la trilogie Pusher, une fresque sociale relativement violente et malsaine qui illustre de la criminalité insoupçonnée qui ronge les bas-fonds de la capitale danoise, Copenhague. Nordvest est le nom du quartier multiethnique, à comprendre cité, le plus pauvre de la ville. Ici évolue toute une ribambelle de jeunes truands en herbe, côtoyant la criminalité plus poussive de quelques trafiquants, maquereaux et assassins du cru. Si le récit suit le destin de deux frères typiquement danois, Michael Noer profite de l’occasion pour tisser sa toile autour de la sous-société de son pays, réputé si sécuritaire, si développé. Comme l’avait fait Refn auparavant, comme l’a fait Espinosa en Suède avec Easy Money, le réalisateur travail aussi froidement que son œuvre est d’un réalisme saisissant. Bienvenue en voyoucratie.
Pour autant, si la mise en scène est parfaitement adaptée, si l’ambiance est hautement immersive, une certaine déception est de mise. Le malaise tient sans aucun doute à la trop froide approche des personnages par le metteur en scène. Si Noer tente tant bien que mal d’humaniser les deux frères dans la tourmente, il ne parviendra pas à faire d’eux les pendants de Frank, Milo ou encore Johann de la trilogie Pusher ou d’Easy Money. Difficile pourtant de juger ce fait avéré comme un réel défaut, pourtant le manque d’attachement ne transcendera pas le drame qui se déroule sous nos yeux en quelque chose de mémorable, de réellement trépidant. De plus, la critique sociale à laquelle se livre le cinéaste est partiellement éculée du fait que d’autres avant lui en ont fait le tour, avec une certaine manière en plus. Oui, l’on semble maintenant connaître sur le bout des doigts la recette du film noir scandinave.
Pour autant, c’est toujours un plaisir de s’imprégner de cette froideur nordique lorsque vient le moment de faire des enfants du pays des délinquants, des gangsters. Oui, si les scandinaves brillent de mille feux dans le domaine du polar, du thriller, à l’écran comme sur le papier, il semble indéniable que le film noir est l’une de leurs autres qualités narratives. Si ici l’impact n’est que mitigé en regard aux espérances, la bande-annonce notamment, avouons que le travail de Michael Noer reste, dans une certaine mesure, tout-à-fait honorable. Oui, n’ayant rien réellement inventé, n’ayant fait que poursuivre l’œuvre de ses congénères, le cinéaste, prometteur, aura livré un film relativement solide malgré ses quelques aléas. L’on imagine facilement le réalisateur prendre de l’ampleur dans un avenir proche, d’autant que son tout premier film, R, réalisé conjointement avec Tobias Lindholm, le réalisateur de Hijacking, fût un succès critique incontestable.
Si j’attendais d’avantage de Northwest, je ne suis pas réellement déçu pour autant de cette petite fresque criminelle danoise, très réaliste, très crue, tranchant cruellement avec l’univers souvent trop romancé, trop lisse, des productions américaines similaires dans leurs sujets. Pour autant, l’attachement aux personnages est ici difficile malgré le drame que l’on sent poindre entre les deux frères. Touchant, relativement peu, au final. Dommage, de ce coté là que Michael Noer n’est pas été aussi performant que derrière sa caméra, là ou il a très bien travaillé sa mise en scène. Réalisateur à suivre et film à découvrir sans la moindre hésitation. 14/20