Brûlez mon âme de cinéphile, car si on déduit les performances d'acteurs (Mads Mikkelsen, etc) j'ai préféré ce "Nord ouest" à Pusher. Pourtant moins original, il est plus sec, plus classiquement nordique. Malgré tous les personnages secondaires qui se croisent aucune fausse note ne vient dénaturer l'homogénéité qui fait la force du film. Les premiers rôles jouent la carte de la sobriété, sans que cela n'enlève du caractère, ni la hiérarchie des rapports de force, entre les protagonistes. Les scènes de violence ne manquent pas, mais à la décharge du réalisateur il parvient à les rendre poignante en détournant la caméra, par le non dit, ou plutôt le non vu, procédé connu mais dans le cadre du cinéma de voyous, pour le coup, réellement rare et original. Le propos est social, voir simplissime : la violence et la drogue c'est pas bien. Mais depuis le temps qu'on sait que la guerre c'est pas o.k, il y en a toujours pléthore sur la planète. La mise en scène insiste plus sur le glauque de la promiscuité sociale du petit banditisme qui lorgne vers le grand, et c'est en fait cela qui, à mon avis, a rebuté certains spectateurs, car laissé à nu, sans montage flashy ni flamboyances d'acteurs, c'est purement naturaliste. Mais pas moraliste, car, le miracle de ce "petit" film c'est qu'il ne juge pas ses personnages, aucune condamnation mais une authentique compassion, là où Pusher faisait tomber la guillotine morale (verdict compréhensible). A conseiller, ça ne renouvelle pas le genre, mais le prolonge, d'un jalon qui en poursuit la meilleure veine. Amen.